Un peu dans le creux de la vague depuis quelques années (depuis Potiche et Dans la maison, pour moi), François Ozon retrouve un peu de sa superbe avec cette nouvelle adaptation de Fassbinder (vingt-deux ans après Gouttes d’eau sur pierre brûlante), Les larmes de Petra Von Kant (pas vu). Le tout est (volontairement) très théâtral, très bavard bien sûr, mais aussi assez dynamique. La mise en en scène est stylée, le scénario incisif et cruel mais touchant, pour un huis clos dans un seul et unique décor. Les dialogues sont savoureux. Et comme toujours chez Ozon la direction d’acteurs est formidable. Denis Ménochet est juste incroyable, sans doute là son meilleur rôle (mais il faut qu’il arrête la bière ou de manger, il ressemble de plus en plus à Depardieu). Adjani est impayable est star déchue cocaïnomane. La voir dans les mêmes scènes que la grande Hannah Schygulla vaut son pesant d’or. Le jeune Khalil Gharbia, l’amant intéressé, est pas mal, mais je trouve qu’il joue assez faux par moment. Celui qui est épatant est Stefan Crepon dans le rôle de l’assistant souffre-douleur. Sans jamais dire un seul mot, il impose sa présence rien qu’en regards et en attitudes, un grand numéro. C’est la première fois que le réalisateur se produit lui-même, personnellement je trouve que c’est une grande réussite, j’ai adoré (mais sorti en plein mois de juillet, le succès n’a pas été au rendez-vous). Un certain plaisir jubilatoire. Une curiosité pour une bien belle surprise.