Pi
6.8
Pi

Film de Darren Aronofsky (1998)

Rare sont les films qui laissent une impression aussi forte. Je suis resté assis un long moment après la fin du générique, incapable de m'abstraire de cette histoire douloureuse dont les images me revenaient comme des flashs. Je me suis même surpris à chercher une séquence dans la narration du film. Daren Aronofsky aurait-il été jusque là ?

Le postulat galiléen de départ est que si tout peut être traduit en équation mathématique, si derrière tout élément naturelle, biologique, physique se cache une séquence chiffrée, alors un groupement d'individu éparpillé dans le monde mais concentré sur la même activité (en l'occurrence la bourse) constitue une entité à part entière dont on peut sortir une séquence mathématique. Dès ce postulat posé j'étais conquis. La réalisation est renversante. Evidemment le noir et blanc nous plonge déjà dans un monde à part. Mais celui-ci est rugueux, sale, granuleux. Il rejoint l'univers dérangeant d'Eraserhead. Je n'ai jamais vu un film ou la douleur a été tournée de manière aussi réaliste, oppressante, angoissante à l'idée qu'elle revienne (le dentiste de Marathon man, à côté, c'est une sucrerie). L'abomination de la migraine qui ne peut être soulagée et qui foudroie tout sur son passage. La réflexion poussé à son paroxysme entraîne la pire des souffrances. La malédiction (au sens sacré du terme) est au centre du film, car ce n'est pas tant sa migraine qui est une malédiction mais l'incroyable capacité de ce mathématicien à transformer l'ensemble de ces perceptions, de ce que lui transmet ses sens, en équation mathématique. Il est prisonnier de ce talent. Il en crève. Il en souffre mais ne peut arrêter de chercher un sens mathématique à tout.
J'ai regretté un moment la tournure mystico-religieuse du scénario, mais elle prend tout son sens dans l'expression du sacré. Il est maudit. Il est le bouc-émissaire rejeté au désert avec l'ensemble des péchés sur son dos simplement parce qu'il voit, décrypte, enregistre, perçoit l'invisible jusque dans la folie.
Ce film est un chef d'œuvre au scénario étonnant, à la réalisation brillante et étourdissante que je recommande hautement de par ses qualités cinématographique autant que par sa capacité à entraîner la réflexion.

Je remercie grandement Ethel la compagne de Jérôme http://www.senscritique.com/jerome/ (mon parrain sens critique) de m'avoir fait découvrir ce monument.
Totor
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le 20 sept. 2011

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