Sur une trame très boulevardière et immorale juste ce qu'il faut, Poisson d'avril déroule son fil avec application dans un enchaînement de situations qui suit une logique aussi amusante que destinée à ravir le public du samedi soir des années 50. Aujourd'hui, le spectateur regarde le film avec une certaine nostalgie d'une époque somme toute heureuse, celle de l'après-guerre. Rien de mémorable bien sûr dans le scénario, ni dans la mise en scène sage de Grangier, ni même dans les dialogues d'Audiard. Mais il y a l'immense talent de Bourvil, on ne peut plus crédible dans le rôle d'un garagiste un peu porté sur la boisson et pêcheur par accident, ce qui va entraîner une sarabande de mensonges et de rebondissements. Mention spéciale à Anny Cordy, étonnante en épouse dévouée rêvant d'une machine à laver, et belle apparition de Louis de Funès pour sa première confrontation avec Bourvil. Prendre du plaisir à Poisson d'avril est un péché véniel tant cette chronique de moeurs désuète célèbre une France aujourd'hui bien disparue.