Fukasaku fut probablement l'un des cinéastes les plus critiques de la société japonaise dans les années 70 à travers une série de films mettant en lumière le développement d'un système de corruption où l'on retrouve les différentes strates de pouvoir du Japon .
Ainsi sont largement impliqués et imbriqués, police, monde du crime organisé (les yakusas), politiciens et business ainsi que les médias toujours prêts à s'aligner du coté du manche du fouet. La seule difficulté pour ce joyeux petit monde étant de faire une place aux ambitions diverses prêtes à collaborer et de se débarrasser de ceux pour qui cette fange serait par trop rebutante .
Derrière l'apparente confusion de ses polards sanglants, le propos de Kinji Fukasaku est parfaitement clair et il est accablant pour tout un système dont l'on ne se surprendra guère qu'il ait pu être constitutif de la société présente. Car chacun comprendra aisément qu'il ne s'agit ici que de l'une de ses variantes "culturelles".
Le titre japonais (Kenkei tai soshiki boryoku) est beaucoup plus ambivalent que la traduction que l'on en a donné en français qui est en parfaite contradiction avec ce qui est raconté ici. Le rôle de la police étant dans les faits de s'opposer à toute violence organisée dans l'exacte mesure et limite où celle-ci nuirait aux intérêts dominants et n'accepterait pas de collaborer au bon fonctionnement du système. On ne sera donc guère surpris de ne pas trouver ici de happy-end et de devoir constater que tout continue dans le pire des mondes.
Dernier point, Fukasaku possède un indéniable sens de l'humour, ce qui malgré l’âpreté du discours de fond rend ses réalisations forts plaisantes à voir.