Avant d'aller plus loin en contant le récit du film, soyons clair sur un point ; à mon sens, Polina n'est pas une œuvre des plus marquantes ou des plus abouties. Son intérêt principal demeure celui présupposé à savoir la danse et comment danser sa vie.


Polina est une jeune femme dont le rêve ultime est de danser dans la lumière sans pour autant se sabrer dans un classicisme qui ne serait, pour elle, que la répétition d'une chorégraphie pensée et ressentie par un autre. A l'inverse, Polina souhaite s'exprimer, bouger, se mouvoir comme bon lui semble. Ce qu'elle cherche avant tout par là c'est s'affirmer en tant que personne, en tant que femme, loin des carcans qu'on lui impose. De l'école du Bolchoï, Polina émigre dans le sud de la France pour y rejoindre un amour de jeunesse, prétexte à une évasion du système étriqué de sa Russie natale. Elle quitte famille et logis afin de se trouver elle-même, ne découvrant, au final, que difficultés et faux semblants. Le rêve s'éloigne mais ne disparaît pas, Polina a cette force en elle lui permettant de continuer le combat jusqu'au bout. Si la question de l'argent de pose rapidement, il en ira de même de la véritable passion qui anime son corps dans son évolution en danse et en âge.


S'il est vrai que l'univers de la danse ne me touche que très moyennement (même s'il y a quelque chose d'extrêmement contemplatif dans le classique) le vrai problème du film ne se situe pas là. N'ayant pas lu l'œuvre dont Polina est tirée il m'est impossible d'en faire une comparaison scénaristique, néanmoins je ne peux que constater la pauvreté de ce que nous offre cette adaptation. Au fond on ne sait jamais réellement ce que le film cherche à nous montrer. De la danse esthétisée façon clip, nous y avons droit, d'ailleurs c'est sa force. De la romance fleur bleue, également, sauf qu'ici on échoue littéralement dans le pataud et l'émotion confuse. L'actrice principale ne convint malheureusement jamais. Son air absent peut s'avérer pertinent en début d'histoire, hélas, si l'écriture du personnage incombe à l'actrice d'être plus démonstrative, plus vivante, le ressenti du spectateur demeure plat. Il en va de même avec la réalisation. D'apparence parfois assez belle, jouant différentes approches dans les plans, les flous, etc, elle n'est pas des plus convaincantes et paraît anormalement superficielle.


Un film, donc, davantage clipesque qu'abouti, pouvant ravir les uns comme ennuyer les autres. Une émotion moyenne pour une œuvre moyenne. Un Polynectar qui trompe un peu et guère longtemps. A conseiller aux amateurs de danse, ni plus ni moins.

Fosca
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le 15 nov. 2016

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