Priscilla
6.1
Priscilla

Film de Sofia Coppola (2023)

J'adore Sofia Coppola, c'est ma cinéaste fétiche, j'adore son univers portée depuis son "Virgin suicides". Après son trop égocentrique "On the rocks", elle revient avec ce qu'elle sait faire le mieux - et ce qu'on aime chez elle - montre l'isolement d'une jeune fille.

Succédant aux soeurs Lisbon de "Virgin suicides", Charlotte de "Lost in translation", "Marie-Antoinette", Cléo dans "Somewhere", Priscilla, 15 ans seulement lorsqu'elle se lie lors d'une soirée avec un Elvis de quelques années de plus. Une conquête de plus pour le King, pas vraiment montré comme un pédophile - bien qu'il aurait pu ne pas aller plus loin lorsqu'elle lui dit qu'elle est en 3 ème... Il est montré plus comme un être dominant (la taille de Jacob Elordi, 1 mètre 96) joue beaucoup. C'est évidement l'un des points forts du film : Sofia Coppola montre la domination grâce à la taille de son casting. Face à lui, la toute petite (1 m 55) Callee Spaeny.

Pas besoin de violence physique, juste quelques mots, rarement plus haut que l'autre, pour dominer, isoler, la jeune fille venant d'une famille plutôt ordinaire.

Le parallèle avec la famille Lisbon de "Virgin suicides" et la relation entre Lux et Trip est frappant - dans les deux cas, le père de la jeune fille est plutôt effacé - mis à part qu'Elvis, respectueux de son image ne veut bien sur pas être vu, avec une toute jeune fille.

Elvis semblant reproduire envers Priscilla ce qu'il subit du Colonel qui contrôle Tout de sa carrière et c'est franchement bien abordé ici.

Sofia Coppola aurait pue justement montrer le parcours de Priscilla en effaçant totalement Elvis mais elle le montre avec une certaine humanité, complexe, tiraillé, tentant même de s'instruire.

Priscilla va rapidement découvrir que se rêvant à une vie moins coincée que celle de ses parents, elle va se retrouver prisonnière de Graceland : la maison du King.

Elle ne peut même pas jouer avec son petit chien dans le jardin : qui sait elle peut être vu.

Elle peut juste aller au lycée, mais gérée par des bonnes sœurs (...


Mais Priscilla, devient une jeune femme, de ses 15 ans, jusqu'à plus de 25, à la fin, elle demande surtout de l'affection, à être désirée (comme elle le dira clairement), être aimée.

Mais son très jeune âge, fait qu'Elvis refuse de la toucher. Elle doit rester totalement invisible, connue du personnel de maison (à qui elle peut à peine communiquer) et de ses amis. Comment devenir une jeune femme lorsqu'on ne peut rien faire, rien ressentir, juste être une poupée modelée à l'image de ce qu'il veut Lui : coupe de cheveux, robes, maquillage. Il doit être Exactement comme il Veut.

C'est peut être cela que voulait Elvis : une poupée.

Mais intérieurement, lassée, évidemment, Priscilla gronde, renforcé par la presse people qui multiplie les gros titres sur les liaisons successives qu'il a (aurait) avec des actrices, starlettes, bien qu'au téléphone (il est jamais à la maison), il lui assure que ce n'est rien.


Comme d'habitude, avec Sofia, le dénouement sera calme, simple, humble.

Le casting est très bien dans des rôles bien spécifiques.


Et côté mise en scène, Sofia ne change pas son style : plans fixes, calmes mais extrêmement éloquents, plans sur des bijoux, parfums, robes qu'elle aime tant (rappelant "Marie-Antoinette"), rarement caméra portée, sauf dans les moments de vie (fêtes), rares disputes (rebellions de Priscilla).


Honnêtement, si on aime le cinéma de Sofia Coppola, on ne peut qu'aimer ce film, parce que c'est autant réussit que ses quatre premiers films, c'est une nouvelle variante de l'isolement, l'ennui d'une jeune fille, qui ne peut exister, sauf par / pour le regard de l'autre.

Et vraiment, Sofia est la Meilleure pour filmer cela.

Derrick528
8
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Créée

le 14 mai 2024

Critique lue 2 fois

Derrick528

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