A matter of time

ATTENTION SPOILERS

Difficile d'émettre une opinion tranchée sur ce Projet Almanac. En m'asseyant dans le confortable fauteuil capitonné rouge de ma salle de cinéma, je n'attendais rien et ne savais rien de ce film, à part les trois lignes de son scénario, faisant penser à une copie de Chronicle où la découverte et la domestication des super pouvoirs auraient été remplacés par l'expérimentation d'une machine à voyager dans le temps. Les premières minutes confirment cette analogie et présentent même un argument alléchant qui laissait espérer les scénarios les plus dingues ou les plus noirs.

Le déroulement est intéressant et les premières péripéties agréables à suivre. Cependant, à mesure que le scénariste pose les véritables enjeux dramatiques, l'oeuvre ralentit dans son rythme jusqu'à s'apesantir lourdement sur une intrigue amoureuse égoïste ainsi que sur les désirs de reconnaissance d'une bande de copains dont on à peine à s'intéresser. Ces enjeux à hauteur d'adolescents, donc pas bien hauts, qui auraient pu être bien mieux traités, contribuent non pas à une baisse d'intérêt quant à ce qui leur arrive, mais plus à penser "tout ça pour ça ?". D'autant plus que le film lance des pistes alléchantes sur ce qu'entraînent les changements dans les lignes temporelles, à la manière de l'Effet Papillon, ou s'autorise un mini remake d'Un Jour Sans Fin qui, s'il avait été mieux exploité, aurait pu attendrir dans la romance.

Mais le film ne va jamais au bout de ses idées, aussi intéressantes soient-elles, à l'image de l'intrigue autour de la mort du père qui aurait pu mener à un tout autre dénouement bien plus dérangeant ou plus noir. Ou l'une des dernières scènes qui semble imposer une atmosphère amère en refusant l'idée de deuxième chance et affirmant la nécessité, au contraire, de vivre avec les souvenirs et les regrets, avant d'embrayer sur un rebond narratif laissant justement une seconde chance au héros.

Projet Almanac est cependant loin d'être un mauvais film : la manipulation du temps et des personnes qu'on aime, la fraîcheur des deux jeunes actrices et une énergie communicative de la réalisation font de cette oeuvre un spectacle honnête et divertissant qui fait néanmoins pester et regretter que les pistes parfois originales qu'il lance n'aient pas été explorées. Sinon, il aurait pu proposer une bonne alternative à l'Effet Papillon, avec sa particularité d'être tourné au format found footage.

Dommage, le coup passa si près...