Il est toujours difficile de juger un film dont l'attente est énorme. On a souvent tendance à imaginer son propre scénario avant d'entrer dans la salle de cinéma. L'univers d'Alien possède une place particulière dans le cœur des fans et l'annonce du retour de Ridley Scott, créateur du premier volet, sur la franchise fut accueillie par des cris de joies. L'excitation était à son comble et le résultat, lui, forcément décevant. Prometheus devrait être principalement jugé sur ses propres qualités et défauts que sur sa place au sein de la saga. Ce que l'on a obtenu est un film d'une grande beauté visuelle mais qui s'écroule sous le poids de la stupidité de son intrigue et de celle de ses personnages.

A la fin du XXIeme siècle, un groupe d'explorateurs à bord du vaisseau Prometheus se rend sur une planète inconnue pour tenter de percer les mystères des origines de l'humanité. Un couple de scientifique, Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) et Charlie Holloway (Logan Marshall-Green) est à l'origine de cette expédition. La découverte d'une série de symboles communs dans les ruines de plusieurs anciennes civilisations est la preuve, selon eux, d'une origine commune à l'humanité. Nous aurions en effet été créés par une race extraterrestre, qui aurait laissé derrière une carte vers leur planète. Nos scientifiques ont surnommé cette race les Ingénieurs et espèrent les rencontrer.
Mais qu'en est-il donc de la théorie de l'évolution demande le biologiste de l'équipe ? « C'est ce que j'ai choisi de croire » lui répond Shaw. Ah pardon, je pensais que la science était l'étude des faits et non des croyances. Mais au delà du débat science/religion et du fait qu'ils aient réussi à trouver une planète au milieu de la galaxie avec comme seuls indices quatre dessins au fond d'une grotte, Prometheus expose ici ses thèmes : Les origines de l'Homme, sa place au sein de l'Univers ainsi que la foi.

Malheureusement, le film se contente de les survoler sans les approfondir, se contenant d'y faire vaguement référence au travers d'une ou deux lignes de dialogues. Il ne donne aucune véritable réponse aux questions qu'il pose. Et pire, les thématiques semblent disparaître au milieu de l'histoire lorsque l'intrigue bascule dans l'action et le gore. On tient là une des principales frustrations de Prometheus, parce qu'il faut reconnaître que le film s'ouvre sur un premier acte plein de promesses.

Tout d'abord des promesses techniques : les plans extérieurs ouvrant le film (tournés en Islande) ainsi que ceux nous faisant découvrir les entrailles du vaisseau Prometheus sont magnifiques. L'utilisation de décors réels au détriment de fonds verts donne un véritable réalisme et une atmosphère particulière au film. Un sentiment organique se dégage de la salle contenant la tête géante, avec ses gravures et ses urnes suintantes de liquide noire qui n'est pas sans rappeler l'huile noire de X-Files.

Le personnage de David, l'androide (Michael Fassbender), est aussi une des réussites du film. Fassbender semblant être l'un des seuls à croire en ses lignes de dialogues et à son rôle, celui d'un robot fan de Lawrence d'Arabie et créature vivant parmi ses créateurs. Une thématique intéressante mais là encore pas approfondie. Le film préférant mettre l'emphase sur l'action et le suspense au détriment de la réflexion. Ce qui en soit n'est pas forcément une mauvaise chose, si seulement chaque point d'intrigue ne découlait d'une décision stupide de l'un des protagonistes : le géologue qui se perd dans les tunnels qu'il a lui même cartographiés, le biologiste qui fait ami-ami avec un serpent alors qu'il était mort de trouille deux scènes plus tôt, le capitaine qui s'en va baiser en laissant deux membres de son équipage piégés sur la planète sans surveillance (sur 17 passagers, il peut pas en trouver un pour les surveiller?), David (Et tu David?) qui ramène une urne pleine de liquide noire sans que personne ne le remarque ou ne pose la moindre question pour ensuite mener une expérience sans avoir la moindre idée des conséquences. Et j'en passe et pas des meilleurs.

Le scénario de Damon Lindelof (Lost) et de Jon Spaihts ne répond à aucune des questions qu'il pose. Les thèmes sont survolés et l'intrigue ne bénéficie d'aucune véritable résolution (Qu'avons-nous appris ? Qu'ont appris les personnages ? En quoi cette expérience les a changés?). Préférant sans doute garder ces éventuelles réponses pour une suite (procédé que je déteste), le scénario de Prometheus se retrouve donc vide et sans intérêt. Une véritable déception.
browncoat84
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le 25 oct. 2012

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