Ça promettait, mais Lindelof a tout fait foirer.
Bon alors, Prometheus. Le problème de ce film est simple. Son script. Cette volonté de, non pas donner des réponses, mais d'en inventer. La qualité d'Alien premier du nom, c'était tout ce mystère qui rendait les créatures encore plus effrayantes. Sur les deux scénaristes du premier film de 79, l'un est mort, l'autre ne fait plus rien. Ridley Scott a donc engagé Damon Lindelof (et un autre, inconnu au bataillon) co-créateur de la plus grande arnaque télévisuelle de ces 10 dernières années : Lost. Résultat : l'invention d'une mythologie créée de toute pièce, qui fait de Prometheus une oeuvre bâtarde, entre le prequel et le reboot, qui fait beaucoup dans le fanservice. Rien de tout ça n'a été pensé en 1979, ce qui nous donne un film opportuniste, qui veut donner des réponses inexistantes à des mystères qui auraient du en rester. Ces réponses, elle sont parfois suggérés, parfois données très brièvement au détour de deux répliques.
C'est surtout un film qui, malgré ses 2h07, ne prend pas son temps dans sa narration en hésitant entre choisir sa propre voie et faire des références forcées à l'univers d'Alien. Tout n'est pas à jeter, mais c'est parfois très maladroit et cela transpire le pognon. De plus, le métaphysique fait son apparition, avec cette réflexion un peu grossière entre créationnisme et darwinisme, qui aurait mérité un traitement bien plus approfondi, tant le film tourne autour de cette question.
À côté de ça, une majorité de personnages fait de la figuration, Charlize Theron ne sert pas à grand chose et le faux twist la concernant a l'effet d'un pétard mouillé. Les seconds rôles sont là pour faire office d'équipage et crever, c'est tout. On se concentre alors sur Noomi Rapace, qui s'en sort le mieux, notamment avec une scène assez dingue d'auto-chirurgie dont on se souviendra (ce qui ne l'empêchera pas de sautiller partout sans gêne par la suite, mais passons). Michael Fassbender en android est lui très convaincant, cela se ressentait déjà dans la promo virale du film. Par contre, le choix de Guy Pearce pour le rôle de Peter Weyland, derrière un maquillage assez grossier. Pourquoi ne pas avoir pris un acteur réellement vieux ? Un petit Donald Sutherland, Ian McKellen ou encore Christopher Lee aurait été parfait.
De son côté, Ridley Scott s'en sort formidablement bien et confirme son statut de faiseur d'images. Techniquement parfait, le film à ses moments de grâce. Le début, posé, fait penser au premier Alien. La scène de la tempête, du crash du vaisseau, sont des moments assez «wow». Mais voilà, tout ça est joué par des acteurs qui n'arrivent pas faire sortir leurs personnages de l'anonymat, faute d'un script ayant oublié de travailler son facteur humain. Espérons donc que pour la suite, Scott ne rempile pas avec Lindelof, qui compte déjà revenir à l'univers de la télévision. Peut-être que on aura là, en plus d'un film de SF de très grand qualité, une oeuvre qui restera dans les mémoires sans toutefois prétendre se rapprocher du coup de maitre que fut Alien.