Providence
7.2
Providence

Film de Alain Resnais (1977)

Fort déçu de ce film.


Je n'en savais rien avant de le lancer, vu l'intro, j'ai cru avoir affaire à un film d'horreur des années 70 ; le côté expérimental ne m'a pas gêné, au contraire, c'est justement parce que je trouve que ça ne va pas assez loin que je suis déçu. En effet, que l'on soit dans une histoire racontée par un des personnages (qui est peut-être l'alter ego du scénariste?), c'est plutôt sympa, ça permet de jouer avec le temps, l'espace... sauf que l'écriture d'une histoire peut s'avérer bien plus chaotique et qu'il y avait matière à partir complètement en vrille, qui à ne rester que sur une seule scène de l'histoire que l'auteur réécrirait sans cesse, précisant ses personnages. Parce qu'en l'état l'intrigue avance, mais ne raconte pas grand chose, elle n'est que prétexte à exorciser les démons du narrateur et ce de manière un peu trop simpliste, enfin je veux dire superficiel par rapport à ce qu'il aurait été possible de faire. Les personnages ne m'ont pas paru assez travaillés, seul incarné par Dirk Bogarde est intéressant (tant dans l'histoire de l'histoire que dans l'histoire tout court). Tout cela fait qu'on se lasse assez vite du récit, malgré quelques pointes d'humour bienvenues, jusqu'à la dernière demi-heure du film où les auteurs confrontent le narrateur à sa réalité. C'est là qu'enfin les enjeux prennent corps (car jusque là, on sentait trop la présence du narrateur, qui d'ailleurs intervient bien trop souvent, tel un parasite), que les (vrais) personnages deviennent riches, intéressants, forts. C'est comme si on avait deux films différents, un premier expérimental intéressant mais raté et un second très simple, très minimaliste et bien plus maîtrisé que le premier.


La mise en scène est sympathique. Quelques couacs au niveau du son, je trouve (surtout que le narrateur est quasi omniprésent), c'est-à-dire un niveau pas toujours bien réglé, impression de doublage par moment. La caméra bouge assez bien ce qui rend les scènes dynamiques. Le réalisateur prend un petit plaisir à chambouler ses décors : je m'attendais à des changements un peu plus subtil, mais ça reste sympathique. Ces choix scéniques m'ont un peu fait penser à David Lynch. Les acteurs sont plutôt bons bien que John Gielgud m'ait un peu tapé sur les nerfs au début, car non seulement ses interventions sont nombreuses mais en plus il force son accent à l'excès.


Bref, ce film m'aura au final plus intéressé pour la simplicité de sa dernière demi-heure (qui sauve le film à mes yeux) plutôt que pour le côté expérimental du reste qui m'a semblé trop peu approfondi...

Fatpooper
6
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le 22 avr. 2016

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Fatpooper

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