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Psychokinesis
5.7
Psychokinesis

Film de Yeon Sang-Ho (2018)

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염력 / Psychokinesis (Yeon Sang-ho, Corée du Sud, 2018, 1h58)

Considéré comme le premier film de superhéros made in Corée du Sud, ‘’Yeom-lyeok’’ a la tâche ardue de faire suite dans la filmographie de Yeon Sang-ho à son chef d’œuvre ‘’Dernier Train pour Busan’’. Pour cette seconde réalisation live, le cinéaste propose ainsi de plonger dans un nouveau genre, une fois de plus très codifié. Cependant c’est un regard différent qu’il y appose, avec une dimension sociale qui vient côtoyer le film d’Action.


Seok-heon est vigile dans une banque, cinquantenaire solitaire, un matin en buvant l’eau d’une fontaine, directement reliée à une source montagneuse, il ingurgite sans le savoir un liquide contaminé. En effet, quelques minutes plus tôt, une météorite s’est écrasée et à rependu un effluve étrange. Réalisant que l’eau a mauvais goût, l’homme déconseille à quiconque de la boire. Quand le soir venu, il réalise qu’il possède un drôle de pouvoir.


En parallèle, Roo-mi, une jeune restauratrice, propriétaire d’un établissement réputé pour son délicieux poulet, affronte des promoteurs expropriateurs voulant détruire son restaurant, dans le cadre d’un futur projet immobilier d’envergure. Le lutte est virulente, et avec d’autres habitants du quartier c’est sous les coups de bâton d’une mafia locale qu’ils défendent le lieu.
C’est dans ce contexte que survient le drame, lorsque la mère de Roo-mi est tuée lors d’une rixe.


La jeune femme reprend alors contact avec son père pour lui annoncer la triste nouvelle. Lui qui l’a abandonné, elle et sa mère, une dizaine d’année plus tôt : un certain Seok-heon. Avec ‘’Yeom-lyeok’’ Yeon Sang-ho développe toujours un peu plus cette thématique qui semble lui être particulièrement chère, qu’est le rapport père/fille. Depuis ‘’The Fake’’ en 2013 tous se films ont un arc narratif en lien avec cette relation. Cependant, depuis ‘’Dernier Train pour Busan’’, c’est par un angle émotionnel et touchant qu’il aborde le thème père / fille.


Seok-heon est un type lambda, peu passionné par un travail auquel il n’apporte pas une grande importance. Il vit dans un petit logement en désordre et le soir venu il se rempli la panse au bar du coin. C’est un personnage gris, sinistre et peu attachant. Mais lorsqu’il apprend le décès de son ex-femme, un changement s’opère. Il prend conscience de ses erreurs et du mal qu’il a causé. Il essaye alors de se rapprocher de Roo-mi, qui ne lui pardonne son abandon.


Tout en développant les rapports entre ses deux protagonistes, Yeon s’applique à faire naître en parallèle la genèse d’un superhéros. À mesure que Seok-heon maîtrise ses pouvoirs, ces nouvelles capacités provoque en lui une évolution qu’il cherche à mettre à profit pour se rapprocher de sa fille, dans un premier temps. Avant de les mettre à contribution dans la lutte qui oppose les habitants du quartier aux promoteurs criminels, dans un second temps.


Le postulat original du métrage l’empêche de sombrer dans les clichés faciles d’un genre ultracodifié. Il proposer ainsi une aventure humaine forte d’une analyse multi-angulaire. Une fois de plus, ce qui est montré à l’écran est un combat impitoyable entre une classe sociale ‘’inférieure’’, en lutte avec un quotidien difficile. Elle est opposée à une élite arrogante sans scrupule, agissant en toute impunité puisqu’elle possède l’argent, donc le pouvoir. Le métrage témoigne aussi de la corruption qui ronge une nation pourtant très développée.


Une fois de plus le cinéaste n’est pas tendre avec son pays, en venant mettre en lumière ses défauts et ses absurdités. Le combat que mène Roo-mi et les siens, tout comme celui des promoteurs, est complètement vain. Ça ressemble même à un prétexte pour déchaîner une violence désirée. Une part du récit qui n’est pas sans rappeler les ZAD, qui cherchent à défendre des zones menacées par des projets ahurissants et contre-nature.


À mesure que la relation entre Seok-heon et Roo-mi se normalise, et qu’ils apprennent à s’apprivoiser, les deux histoires se regroupent en une seule. Dès lors le drame familiale fait pleinement place au film de superhéros. Le dernier tiers est en ce sens particulièrement jouissif, avec des séquences spectaculaires, dans lesquels Yeon laisse exploser toutes les attentes que l’on peut avoir, après 1h30 de tragi-comique rondement mené.


Le métrage devient surprenant, alors que Yeon Sang-ho se met littéralement en mode ‘’grand spectacle’’ en donnant à son œuvre une résonance de blockbuster, tout en parvenant à conserver son identité propre. À l’image de son personnage principal, imparfait, hésitant et branlant, le récit évolue pour devenir un grand film d’action. Avec toujours ce dénominateur de la relation père/fille, qui en représente l’essentiel.


Jamais le réalisateur ne perd de vue ce qui crée la texture de ‘’Yeom-lyeok’’ : l’aventure humaine d’un homme qui a raté sa vie. Un type qui réalise sa médiocrité, et trouve un jour le moyen redonner un sens à son existence. Par une quête de la rédemption et d’absolution. Réalisant ses erreurs, et à quel point sa vie est triste, et se sacrifie pour atténuer le traumatisme qu’il partage avec sa fille. Lui de l’avoir abandonné, et elle d’avoir été abandonnée par lui.


Si le film n’est pas exceptionnel, et inférieur au quasi-parfait ‘’Dernier Train pour Busan’’, il n’en demeure pas moins une œuvre sympathique et riche, révélatrice du malaise social qui règne en Corée du Sud. Un malaise identique à la plupart des pays répondant au régime capitaliste, où les petits sont broyés par une machine déshumanisée, dirigée par des gens de pouvoir qui préfèrent laisser leur humanité au fond de leurs toilettes.


‘’Yeom-lyeok’’ confirme également que Yeon-Sang-ho est un cinéaste qui a des choses à raconter, qui n’hésite pas à les évoquer frontalement, sans prendre de pincette, avec un regard critique des plus affûté. Sans oublier pour autant de proposer des œuvres spectaculaires, qui par le biais du film de genre abordent des sujets de fond. Comme en témoigne la toile sur laquelle se construit le drame familial de ‘’Yeom-lyeok’’, avec ses airs de grand film de Superhéros.


-Stork._

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le 15 mai 2020

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