Bates contre Bates

C’est assez fou de constater qu’il y a plus de cinéma dans une scène de « Psychose » (celle de la douche, cela s’entend) que dans la plupart des blockbusters bousins sortis cette année. L’avalanche de plans, les coupes, la structure de la séquence, on est vraiment en présence d’un morceau de bravoure, une des plus belles choses qu’Hitchcock a léguée au septième art.

Puis, il y a aussi ce MacGuffin. Cette volonté de sacrifier l’héroïne au moment où le récit bascule vraiment. Il fallait une certaine audace pour oser dépayser le spectateur à ce point. Une audace payante. Et qui se prolonge avec les troubles identitaires orchestrées d’une main de maître. Techniquement, tout y passe : plans-séquences, inserts, plans aériens, etc.

De par sa virtuosité et son influence, on peut dire sans risquer de se tromper que « Psychose » a tout de l’œuvre séminale, celle qui fait école, qui définit ou redéfinit un genre. Rien que la performance d’Anthony Perkins mériterait le coup d’œil, tant il prend position, habilement, entre le prévenant et l’inquiétant, entre le quelconque et l’étrange.

Sans doute « Psychose » est-il le film d’Hitchcock qui a le plus marqué l’histoire de son empreinte. Il le consacra en tout cas en tant que grand maître du suspens. Et jamais une étiquette n’a été si méritée.