L'homme qui aimait trop sa mère.

En 1960, Alfred Hitchcock était au sommet de son art. Il avait déjà plusieurs succès à son actif, dont certains devinrent cultes par la suite tels que Sueurs froides et La Mort aux trousses. Il n'en avait pourtant pas encore finit avec le cinéma. Il était sur le point de sortir l'un de ses plus grands chefs-d'oeuvre. Un film qui rentra lui aussi dans l'histoire du septième art, Psychose. Ce thriller en noir et blanc parle d'une jeune femme qui vole 40 000 dollars et se rend ensuite chez son amant. En chemin, elle va s'arrêter une nuit dans un motel où elle fera la connaissance de Norman Bates, le gérant des lieux.

Hitchcock maîtrise son film dès le début, il y instaure un suspens rapidement. Dans un premier temps léger, représenté par le policier. Puis, il s'intensifie avec l'arrivée au motel pour devenir omniprésent et palpable. La première partie du film est inférieur à la seconde mais elle permet de laisser le temps au spectateur de s'attacher à Marion Crane, le personnage principal. Ce qui sera décisif lorsqu'au bout de 50 minutes de récit, elle se fait tuer alors qu'il reste environ une heure de film. On se dit alors que la mort peut toucher n'importe quel personnage, que personne n'est épargné. Cela augmente évidemment encore plus le suspens. Le reste du film devient alors véritablement angoissant pour le spectateur qui ne sait plus à quoi se raccrocher. Le calvaire ne fait que commencer...

Ce qui est absolument remarquable avec le long-métrage du cinéaste britannique, c'est qu'il est tellement puissant que même une scène ultra-connue comme celle de la douche a un fort impact émotionnel lors de son visionnage. On a beau savoir ce qui va se passer, s'y attendre, on n'en est pas moins pétrifié lors du moment fatidique. La tension et la violence de cette scène, qui est la première de plusieurs autres qui suivront, sont phénoménales. La mise en scène du réalisateur y est bien sûr pour beaucoup. Mais également la bande originale de Bernard Herrmann qui est devenue autant célèbre que le film. Ce fameux thème musical suffit à lui seul à glacer le sang. Son écoute, comme celle du thème des Dents de la mer (sorti 15 ans plus tard), à la particularité de rendre très mal à l'aise le spectateur. Alors forcément, lorsqu'il est cumulé avec une brillante mise en scène, on obtient une scène magistrale qui fait encore parler d'elle plus de 50 ans après.

Malgré toutes ces qualités, Psychose a encore beaucoup à offrir, notamment le personnage de Norman Bates. Ce dernier est incarné par l'excellent Anthony Perkins, totalement effrayant dans ce rôle. Janet Leigh qui joue Marion Crane est elle aussi tout à fait convaincante, mais c'est bien l'acteur américain qui retient toute l'attention. Sa performance magistrale fut telle que son personnage est aujourd'hui classé comme l'un des meilleurs méchants du cinéma. En parlant de personnage, on pourrait citer aussi la maison de Norman Bates qui est presque un personnage à part entière du film. Comme son propriétaire, elle est terrifiante, quasiment toujours filmée en contre-plongée, dans l'obscurité. Son aspect lugubre ressort, sa vision seule est dérangeante et les scènes à l'intérieur sont d'une tension folle.

Psychose n'est donc pas un monument du septième art pour rien. Le film d'Alfred Hitchcock est un exemple à suivre pour tous les réalisateurs qui souhaitent se lancer dans les thrillers ou les films d'horreur. Ce film n'a pas vieillit, la peur qu'il transmet est intacte. Et ce ne sont pas les quelques défauts, comme la révélation finale assez prévisible, qui parviendront à gâcher ce chef d'oeuvre.