Irène est comédienne, elle parcourt le nord de la France et/ou le sud de la Belgique pour présenter son spectacle 'Sale affaire', un one-(wo)man-show comique où son charme torride fait merveille (car jouée par Yolande Moreau, actrice ex-Deschiens au physique qui relègue Josiane Balasko au rang des jeunes premières). L'intermittente nomade va rencontrer Dries, qui assure grave sur sa mob avec son blouson de cuir et ses cheveux gras.
Entre la quinzaine commerciale d'Auchan Triffouillis-les-corons et la Fête du rire de Bethune, ces deux-là vont-ils conclure ? Autour d'un romantique plat de moules-frites ?

Il s'agit donc d'un de ces films parfois prétentieux où l'on filme des acteurs qui jouent des comédiens dans une pièce de théâtre. Avec la mise en abîme, la réflexion sur les apparences et les jeux de miroir (et il y en a plein, des réflexions sur les miroirs - désolé), ce n'est pas nouveau, déjà Shakespeare en parlait, et comme cinéaste Shakespeare c'est quand même une référence.

Le premier souci est qu'ici, le spectacle est nul. Bourré de silences (pour faire rire avec des silences, il faut un talent que Yolande Moreau n'a manifestement pas - du moins, pas dans ce film), avec un costume glauque devant un public du troisième âge, le one-woman-show sent sérieusement le sapin. Il est sinistre.
Sinistre aussi, la vie quotidienne d'Irène, entre cafétérias d'autoroute et soirées télé dans sa chambre d'hôtel Formule 1.
Sinistres aussi, ses rencontres avec les prolos du nord, entre chômage et bières, la réalisatrice en rajoute. Et c'est mal filmé, particulièrement la scène du carnaval, que l'on croirait tournée et montée par des amateurs.

Mais il ne s'agit pas d'un film social ( = un film engagé de gauche, sinistre et pessimiste mais pour la bonne cause: vous faire prendre conscience de votre chance de ne pas être né dans un HLM de Glasgow). Il est bien trop superficiel et bourré de clichés sur la province (le genre qui vous dégoûte de traverser le périph, à côté Jeanne Labrune est une campagnarde convaincue). Il est donc juste sinistre gratuitement (enfin, gratuitement, c'est quand comme moi vous vous faites offrir la place, parce que sinon c'est 9€, ce qui ne va pas vous remonter le moral).

En regardant 'Quand la mer monte', pour s'occuper (ah oui parce que c'est chiant, en plus) on note les quelques bonnes idées émaillées par les auteurs, et on se prend à rêver à ce que le film aurait pu être... Et n'est vraiment pas.

La poésie, l'humanisme d'un Kaurismaki sont totalement loupés. L'humour des Deschiens est absent. Quant à la mise en abîme, elle ne va pas bien profond.

Ce film est une perte de temps à éviter.
Khaali
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le 21 oct. 2010

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Khaali

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