« Quatre nuits d’un rêveur » est la deuxième tentative pour Bresson d’adapter une nouvelle de Dostoïevski à l’écran, ici à partir de la nouvelle « Nuits blanches ». Si la réalisation peine face au brillant et cruel film que Visconti réalisa quatorze ans plus tôt, certains points sont malgré tout positifs. En premier un sens du récit qui fait la part belle à la poésie, avec un traitement de la couleur brillant, délicat et éclairant à la fois sur les arts plastiques et sur les nuits qui découpent l’histoire. Après l’échec pictural de Gislain Coquet pour « Une femme douce » Bresson confia, avec bonheur, la photographie à Pierre Lhomme. Mais le cinéaste adepte du minimalisme, ne saura pas apporter de la sensualité à la superbe plastique dévoilée d’Isabelle Weingarten, si bien que l’érotisme recherché est aussi sexy que la blancheur d’un lavabo d’hôpital ! Montrer une passion infiniment triste avec un détachement si aseptisant, qu’il banalise la cruauté de la fin qui passe presque inaperçue, empêche toute émotion de s’inviter. A force de ne pas y aller, refusant à la fois le spectacle, la psychologie des personnages et le théâtre filmé, le réalisateur rend cette histoire d’amour abstraite, malgré les scènes de nus et à cause de l’expression délavée d’une tendresse pourtant inhérente au récit. En partie raté et surtout ennuyeux.