Parfois, les choses les plus simples sont les plus touchantes

Ayant encore des connaissances fort lacunaires du cinéma italien pré-années 50, je poursuis joyeusement mon petit périple sur ces contrées dont bon nombre de métrages sont retombés dans l'oubli ou n'ont même tout simplement jamais percés chez nous. Si certains attribuent à "Les Amants Diaboliques" de Luchino Visconti le titre de premier film officiel du néoréalisme italien, il serait fort indélicat de ne pas souligner que certains titres passés ont établi crescendo des codes qui seront repris par la suite. Des précurseurs du courant en quelque sorte. Parmi ceux-ci, on peut mentionner le méconnu "Quatre pas dans les nuages" et son très beau nom au demeurant.


La trame est dans l'esprit des comédies romantiques italiennes de l'époque. Un salaryman peu épanoui dans sa vie de couple croise par inadvertance une belle femme dans son train et ensuite dans un bus où le contact verbal se fait déjà plus intime que les banalités habituelles de la première rencontre. Après moult péripéties, celle-ci lui confie qu'elle est enceinte et que son homme l'a abandonné. Problème : elle n'est pas mariée. Et sa famille campagnarde est psycho-rigide, très à cheval sur les règles catholiques. Elle lui propose alors de se faire passer pour son mari auprès de ses parents pour faire passer plus facilement la pilule. Avec beaucoup de réserves, il finit par accepter mais rien ne se passera comme prévu. La famille insistant pour qu'il soit présent au grand banquet et passe la nuit à la ferme.


De comédie romantique, le film oblique sans que l'on ne s'y attende vers la tragédie. L'amour se fait à sens unique. Elle n'a jamais rencontré un homme aussi généreux que lui mais celui-ci est obsédé par sa vie habituelle rythmée par un boulot épuisant et une épouse qui l'emmerde chaque matin. Pourtant, s'offre à lui une porte de sortie avec une femme aussi douce que belle. Le final étant déchirant.


Comme il est indiqué dans le titre de ma critique, parfois les choses les plus simples sont les plus touchantes. L'intrigue n'offre aucune révolution scénaristique, ne prétend pas à une construction complexe. Les intentions sont succinctes mais c'est beau, innocent, pur. Comment ne pas être touché par une grande fille qui redécouvre l'amour avec la même candeur que les premiers émois adolescents ? L'espace d'un temps, on retourne en enfance quand le simple regard avec la personne que l'on aimait amenait à ce que l'on ait les fameux papillons dans le ventre. "Quatre pas dans les nuages" font remonter de beaux souvenirs car l'on en vient plus à s'identifier au sexe féminin attiré par l'inaccessible sauf que si on parvenait parfois à l'atteindre, ce n'était pas toujours le cas et pourtant l'on reste marqué.


A tout cela se rajoute un noir et blanc des plus beaux, de sublimes images de la campagne italienne, une sympathique bande son et, bien sûr, des acteurs plus que talentueux entre un Gino Cervi loufoque et une magnifique Adriana Benetti.


"Quatre pas dans les nuages", un film à remettre sur le devant de la scène.

MisterLynch
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le 22 juil. 2022

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