Rampart
5.7
Rampart

Film de Oren Moverman (2011)

Rampart est la deuxième réalisation d'Oren Moverman. C'est aussi l'occasion de retrouver une partie du casting (Woody Harrelson, Ben Foster, Steve Buscemi), de son précédent film, The Messenger, qui abordait un thème rarement traité au cinéma : l'annonce du décès de soldats pendant les combats, à leurs familles. Mais ici, on plonge au cœur de la police de Los Angeles. Rampart, faisant référence à un quartier de la ville, ainsi qu'un scandale (corruption, vol, trafic de drogues, violence, etc...) ayant éclaboussé la police du coin, dans les années 90. Oren Moverman a cosigné le scénario avec James Ellroy (Le Dalhia Noir, L.A Confidential, etc..), l'un des maître du polar américain. Rampart étant le troisième scénario d'Ellroy, après Dark Blue (2003) et Au bout de la nuit (2008). Le film a eu le droit à une sortie limitée aux Etats-Unis, le 10 février 2012 et arrive chez nous que maintenant. Verdict... Lorsque je vais au cinéma, j'essaye de ne pas trop me renseigner sur le film que je vais voir, pour garder un part de mystère et cette insatiable envie d'être surpris. Connaître le synopsis, les acteurs et accessoirement le réalisateur, me suffit. Il en est de même lors de l'achat de Blu-Ray/Dvd. The Messenger, le précédent film d'Oren Moverman, n'a pas dérogé à cette règle. J'en avais vaguement entendu parlé et donc j'étais curieux de voir ce que le film donnait. Sans être totalement conquis par celui-ci, je trouvais que c'était une œuvre de bonne facture, dotée d'une excellente distribution (Woody Harrelson et Ben Foster, pour ne citer qu'eux), mais qui n'allait pas au bout de son sujet et s'essoufflant vers la fin. Pour Rampart, j'avais cette appréhension et cette peur, qui se sont malheureusement confirmées. En effet, Rampart est un film moyen disposant de nombreuses qualités, parfois sous-exploitées. Partant d'un postulat traité de nombreuses fois : le flic aux méthodes douteuses, se retrouvant au cœur d'un scandale (ici on peut y voir une référence à l'affaire Rodney King) ; Oren Moverman tente une approche plus humaine, plus "documentaire". On voyait déjà cette manière de filmer l'homme (ou la femme) et de tisser autour de lui une toile de fond, dans The Messenger. Comme de nombreux réalisateur, il privilégie plus la performance d'acteur que l'histoire en elle-même, non sans oublier d'écrire un récit qui tient la route. Il met de côté les scènes de courses-poursuites ou de fusillades, et les grosses explosions. Il mise plus sur la sobriété et le côté réaliste de son histoire. Et cela fonctionne. Mais, même s'il y a une maîtrise au niveau de la mise en scène, on ne peut s'empêcher de constater que celle-ci a parfois du mal à décoller et/ou sublimer son sujet. Ce qui fait que l'on a tendance à ne pas voir l'évolution (ou la régression) de son personnage principale, car c'est un peu trop carré et cela manque de prise de risque. Il en est de même pour le scénario qui est bien écrit mais n'est pas exempt de tous défauts. Les thèmes abordés sont intéressants : corruption, violence policière, place et rôle du père dans la famille, descente au enfers, alcoolisme, etc...mais certains sont à peine effleurés. L'un des reproches que l'on pouvait faire à The Messenger était que le film s'éloignait rapidement de son sujet pour nous conter un histoire pas des plus passionnantes, préférant, là aussi, se focaliser sur ses acteurs plus que sur le récit. Le problème de cette manière de procéder est que, parfois, elle atteint rapidement ses limites, même si le jeu d'acteur est excellent. Savoir comment le personnage de Woody Harrelson, gère cette situation, dans la sphère privée, est intéressant, mais négliger (ou plutôt ne pas creuser assez profond le sujet) la sphère professionnelle, et donc le déroulement de l'affaire, est une erreur car le film aurait gagné en qualité à bien faire la balance entre les deux sphères. Aux rayons des satisfaction, il y a la prestation de Woody Harrelson, présent sur presque tous les plans du films, livrant une performance de haute voltige, tenant le film à bout de bras. Même si son personnage est légèrement caricatural, il arrive à le sublimer et à le rendre humain voire attachant malgré ses nombreux défauts. Il est entouré d'un très bon casting : Robin Wright, Ned Beatty, Sigourney Weaver, Ben Foster, Ice Cube, Cynthia Nixon, Anne Heche, Steve Buscemi, Brie Larson, Sammy Boyarsky. Pour conclure, Rampart est un film moyen possédant, malgré tout de grosse qualités et une énorme prestation de la part de Woody Harrelson. Il y a fort à parier qu'Oren Moverman fera parler de lui, dans pas longtemps.
Manu_Guillaume
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le 27 nov. 2013

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mr. edward

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