Une crise d'eczéma



Réalité c'est le premier film que j'ai vu de Quentin Dupieux et il a réussi à changer ma vision du cinéma comme le Dub l'a fait avec ma vision de la musique.


À la fin du film, j'ai ressenti quelque chose d'indescriptible, cette sensation d'avoir été manipulé pendant 1h30 et qui vous laisse vide à l'intérieur.
J'écris tout cela après l'avoir regardé 3 fois mais je suis toujours incapable d'y voir clair, tout au long du visionnage le réalisateur vous donne des indices quant à la chute mais vous allez simplement tourner autour sans jamais en effleurer la surface et là est le talent de Dupieux, ses dialogues, son montage, sa bande son, chaque détail a son importance et son objectif : vous plongez dans une spirale infernale de mises en abyme puis vous en faire sortir pour mieux vous y replonger.


Et simple spectateur que vous êtes, vous y allez la tête la première, chercher un sens à tout ce que vous voyez pour en déduire le twist final qui concluera votre avis sur ce film.


Ah mais si c'était si simple ...


Après le premier visionnage du film il y a deux réactions possibles :



  • "Mouais, ce film a aucun intérêt, y'a même pas d'explications."


  • "Wow, Dupieux c'est un p****n de génie, il faudra que je le reregarde."



Ça dépendra d'une seule chose, votre compréhension de la dernière phrase du long-métrage qui suggère tout juste une explication.


Dans tout les cas, regardez une nouvelle fois le film, il vous paraîtra encore plus complexe.
Si vous ne l'avez pas vu je vous déconseille fortement de lire ce qui va suivre, cela ruinerait votre éventuelle expérience !
Je vais vous parlez de mon interprétation de ce film (qui est possiblement totalement fausse) mais j'y tiens car j'ai envie de faire partager mon ressenti et de découvrir celui des autres.


Le tout dernier plan présente le visage du "docteur" qui a désormais changer son métier pour celui de son préalable patient et qui vous dit : "C'est effectivement une crise d'eczéma, mais à l'intérieur de votre tête", cette phrase il faut la prendre pour vous, elle ne s'adresse pas à Denis (enfin si car vous êtes Denis), la crise d'eczéma c'est votre tentative d'interpréter ce film qui vous ronge parce que Dupieux vous a totalement perdu depuis 45min.


À partir de là tout devrait s'éclairer mais en réalité c'est encore pire.
Lorsque Denis frappe à la fenêtre de Jason (Alain Chabat) et lui dit "Je pense que nous sommes la même personne" cela inclut que vous êtes le personnage d'Alain Chabat, vous êtes un acteur de ce film mais vous êtes aussi Bob (Jonathan Lambert) qui tient à savoir ce qu'il y a sur cette cassette ou encore Reality qui se dit "Ça intéresse personne de me voir dormir, ce film est chiant" et vous êtes le nettoyeur qui saît ce qu'il doit venir nettoyer (le tapis) alors que Bob ne lui a jamais précisé.
Lorsque Jason s'évanouit, les autres personnages tente de le réveiller à l'aide de tapes sur la joue et de multiples "Wake up" qui vous sont directement adressés, réveillez-vous, ce film n'est pas complexe vous êtes en train de le complexifier pour rien afin de vous auto-satisfaire d'un twist qui n'existe pas.


-Tout ceci est uniquement MON interprétation, ne l'oubliez pas.-


Le personnage de Zog serait Dupieux lui-même qui se place au rang de génie (Bob qui lui dit "Je suis estomaqué, le cerveau dans les chaussettes, dites lui que c'est un génie") et qui se moque de son public avec le comportement prétentieux de Zog envers Bob (Insultant envers son producteur, laisser tourner la caméra pour rien, sourire sadique concernant le contenu de la cassette, très confiant etc).
De même, son mépris pour le cinéma dit "psychologique" est clairement exprimé à travers un "Kubrick mes couilles" élevant son long-métrage à un statut de satire.


J'oublie sûrement des choses et rédiger une analyse complète est probablement impossible mais vous devriez voir où je veux en venir et c'est le principal.


En conclusion, ce film est pour moi très prétentieux autant dans sa forme que dans son fond mais son interprétation reste très libre et propre a chacun. Il est inclassable et incomparable, placer des mots sur cette oeuvre est très compliqué et c'est ce qui la rend formidable, merci Dupieux.

Alexlel
10
Écrit par

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Créée

le 7 mars 2016

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