Rébellion
8.2
Rébellion

Film de Masaki Kobayashi (1967)

D’après le peu que je connais du bonhomme, Kobayashi a une fâcheuse tendance à m’intéresser infiniment moins qu'aux hordes de fans qui pullulent un peu partout sur ce site et jusqu’à mes éclaireurs les plus dignes de confiance…

Je n’y peux rien, ce n’est pas que cela soit désagréable, loin de là, mais tout de même, il y a toujours quelque chose d’à la fois lourd et glacial qui me rebute un peu…

Tenez, pour celui-là, j’étais confiant, en plus rien que pour Toshiro normalement, j’étais conquis, en plus, c’est lui qui produit, c’est son indépendance post-kuro, ça attise ma curiosité… et bien il faut se taper une bonne heure et demie toute falote avant de voir quelque chose d’un peu vivant… Je sais bien que c’est voulu par l’histoire, mais à un moment, ça manque de légèreté dans le traitement, et ce ne sont pas ces impeccables cadrages mortuaires qui vont sauver les tatamis…

Comble de l’ironie, à un moment, on a même l’impression que Tastsuya Nakadai a le meilleur rôle, mais ça, c’est juste parce qu’on le voit (et l’entend) beaucoup moins, dès qu’il a cinq minutes, sur la fin, il gâche son personnage avec un discours appuyé inopportun qui ne vient que souligner ce qu’on s’attend tous à voir depuis le début… C’est bougrement bavard un Kobayashi, en fait…

Ici, tout est péniblement et lourdement démontré jusqu’à l’écoeurement, la marâtre, le fils faible et le fils digne, la gentille bru qui en a bavé, le chef de famille obéissant, les supérieurs méprisables… Chacun a son rôle marqué sur la figure au fer rouge, je veux bien que ça fasse plaisir de voir tête-de-poisson se faire punir à un moment, mais bon, tout cela manque singulièrement de subtilité, surtout si tout cela est affreusement long et repose sur une histoire d’amour supposée bouleversante qui me laisse de marbre, non pas en elle-même, mais à cause de son traitement et du couple d’interprètes…

Alors, oui, c’est toujours plutôt bien fait, même si je ne suis pas convaincu par les deux ou trois zooms intempestifs, je suis faible et j’avoue être très friand de ce genre de cinéma, mais qu’est-ce que c’est longuet et mou du genou parfois… Toshiro en mollusque chauve les deux tiers du film, c’était peut-être un peu trop… Après, bien sûr, à un moment, on ne vous cache pas que le film se réveille, et devient presque chouette, mais ça ne surprendra personne, ce n’est pas comme si on n’avait pas lu le titre…

Bon, je suis gentil avec ce film, même si il m’a donné parfois l’impression de me considérer comme un demeuré mental incapable de comprendre ce qu’on me montrait si ce n’était pas répété deux dizaines de fois, mais franchement, Kobayashi a quelque chose qui ne me parle guère ; une critique jamais finaude, des discours pesants, une froideur de chaque instant et un manque criant de vitalité qui me laisse particulièrement dubitatif au vu de son adoration très marquée ici bas…
Torpenn

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