Si tu vas là-bas !

C'est bien le titre d'une chanson, ou un refrain. Il traduit bien la question de savoir si tu y trouveras encore tes frères humains ? Là-bas !
Werner Herzog nous le fait genre je te réchauffe pour mieux te balancer dans l'eau glacé.
Que font-ils là, tous ces héros que je trouve si dérisoires et en même temps si extraordinaires. Il faut bien qu'au Pôle-Sud les extrêmes se rejoignent comme les lignes de longitude et de latitude.
C'est un film documentaire bouleversant et inquiétant. Il nous promet la fin de l'humanité mais quand, demain matin ou dans dix siècles, ce qui nous laisse un peu de marge ?
Quelque part, je ne sais pas si ça vous le fait, je sens bien que c'est pour bientôt, nous ne sommes plus possibles !
Ces hommes et ces femmes sont-ils comme ce pingouin qui s'en va, d'un pas décidé, quittant son groupe, rejoindre ce Pôle Nord qu'il ne rejoindre pas, il sera mort avant et pourtant il y va, défiant toute notre logique humaine. Nous ne le retenons pas, nous ne nous opposons pas à son destin, c'est une des règles implicites du groupe humain qui vit et travaille ici, station Mc Murdo dans le golfe immense de la mer de Ross, ne pas inférer avec le vivant local. Notre ami pingouin mourra bientôt et cela semble être son choix. Séquence d'anthologie !
Cela ressemble à un chantier, la station américaine Mc Murdo (je suppose que toutes les stations ressemblent à celle-là !), ça m'a mis en colère, pourquoi aller infliger à ce lieu magique, ce lieu de tranquillité absolu, de pureté sans pareille, une telle blessure, une telle hideur. C'est que nous avons un impérieux besoin de niveler, creuser, trouer, déplacer des monceaux de glace salie par nous, de bâtir des cabanes immondes et d'y faire fonctionner nos machines à plein tube, nos tracteurs géants, nos tarières géantes, nos ordinateurs, nos scopes et nos machines à café, nos cerveaux et nos membres.
Nous avons là en dimension réduite l'état dans lequel nous mettons la planète. Alors ils savent que les temps de l'homme sont comptés parce qu'en temps qu'hommes et femmes, poètes, philosophes, scientifiques, aventuriers de tous poils, ils se voient eux-même se condamnant par leurs actes de la vie quotidienne.
Rien ne justifie leur présence ici !
Pourtant nous restons fascinés par ces promenades sous-marines enchantées dans l'univers glacé et fermé, menace de mort pour l'homme, qu'elle expérience unique cela doit être.
Et puis je reste habité par le livre extraordinaire de Lovecraft : les montagnes hallucinées ! Si vous ne l'avez pas lu, cela reste encore possible ! Je contemplais ces horizons lointains, ces montagnes inaugurant un continent glacé grand comme l'Amérique du Nord, pourquoi ne serait-il pas habité par une espèce extraterrestre, il faudrait y aller pour le savoir.
Car les dimensions là sont extraordinaires, voire cet iceberg grand comme je ne sais plus quoi, une étendue gelée de plusieurs centaines de mètres d’épaisseur et d'une surface hallucinante. Ils se disent, ça va faire quoi quand ce machin vas fondre en allant vers le Nord, car c'est vers le Nord qu'ils vont, ces immenses glaçons. Vertige !
Risquez la ballade mes amis, vous ne devriez pas vous en plaindre !