Comme toujours Fellini évite le moralisme et le didactisme en jouant sur plusieurs tableaux; et surtout le ludique .Voici une salle de répétition nichée sous la ville bruyante, dans le silence enterré qu'aucun son du monde moderne n'est jamais venu troubler; l'éternel silence. Un orchestre composé d'élégantes et élégants musiciens, chacun conforté de sa place acquise attend, espère, que la caméra de télévision vienne lui demander son avis concernant son instrument et son rôle au sein de l'orchestre.

Chacun est persuadé qu'il est, pour les plus modestes, juste indispensable, et, pour les plus prétentieux, moteur qui mène l'ensemble sans qui rien ne serait. Ainsi commence la répétition; les uns rient des autres et des directions demandées par le chef d'orchestre, qui finit par jeter ses partitions; c'est la pause, les jeunes et les grincheux se retrouvent, buvant, fumant, devant une caméra télé, dans une musique électrique, au bistro des lamentations et des critiques. Les anciens et les passionnés sont eux restés dans la salle de répétition, ou une caméra continue les interviews jusqu'au chef d'orchestre qui exprime sa désolation. Soudainement les lumières s'éteignent. Vous découvrirez la suite. Le sujet de fond était une désolation récurrente chez Fellini, à savoir le filmage de tout et n'importe quoi pour remplir la télé. Il était déjà sur le désastre que générait la multiplication des caméras, des filmages exhausteurs de vanité . Ce n'était que le début de la défaite des mots, aujourd'hui nous y sommes, chacun sa caméra, son réseau hermétique, chacun son minable orgeuil, sa fatuité rutilante défilant en cadre numérique posé sur une étagère du salon.

Il place aussi l'inexorable défaite des collectifs, le cycle des croyances, des libertés et des désastres comme une logique rythmée par les vanités installées dans le confort des lendemains bleus acquis. L'humain perd le sens de l'interdépendance, de la fraternité jusqu'a l'illusion de révolution qui détruit tout, alors la sagesse retrouve la raison (ou l'inverse), les redevenus gueux s'appliquent a créer un ensemble harmonieux, le bonheur de créer la paix! alors un nouveau tyran vient générer le doute qui rapidement va nourrir un beau et nouveau tohu-bohu . Cela depuis la nuit des temps.

basile-de-yersin
7

Créée

le 28 sept. 2022

Critique lue 11 fois

Critique lue 11 fois

D'autres avis sur Répétition d'orchestre

Répétition d'orchestre
pierrick_D_
5

Critique de Répétition d'orchestre par pierrick_D_

Une équipe de télévision se rend dans une église désaffectée pour y filmer les répétitions d'un concert classique.Mais les musiciens,entre désinvolture,manque de motivation et revendications...

le 2 nov. 2019

7 j'aime

2

Répétition d'orchestre
stebbins
8

Métronome, au bûcher !

Film disgracieux, malin et totalement buvable sans être démonstratif ni réducteur, d'un mauvais goût absolu... Bienvenue dans le grand embouteillage de Federico Fellini : le comique et impertinent...

le 25 mai 2020

5 j'aime

Répétition d'orchestre
JM2LA
8

Scherzo grinçant

Ces petites phrases qui passent comme des traits instrumentaux, anecdotes plus ou moins triviales avec petites réflexions sérieuses habilement masquées, emportées dans le flux comique voire...

le 18 sept. 2015

2 j'aime

Du même critique

Hannah
basile-de-yersin
7

Et puis, plus rien.

Hannah est un film qui traite de la fonte de cette illusion qu'est la vie; du temps ou il faut vivre l'inéluctable perte de tout; cette perte apparait de façon singulière pour chaqu'un; rapidement ou...

le 27 avr. 2023

2 j'aime

La Petite
basile-de-yersin
8

La soeur de Lucien .

Avec ce film Louis Malle réalise le pendant féminin de " Lacombe Lucien ".Le sujet de fond me semble l'innocence bafouée , la solitude de l'enfant évoluant dans les références de son environnement...

le 8 déc. 2022

2 j'aime

Falcon Lake
basile-de-yersin
9

L'amour défunt.

"L'amour défunt me fut de celle-ci, l'été, un lac, sa peau, puis l'enfer, puis plus rien."C'est le temps disparu, la solitude pleine, assourdissante et lourde.Les amours de vacance d'enfance meurent...

le 30 sept. 2023

2 j'aime