Sorti en 1985 et assez méconnu du grand public, ce film de guerre jouit pourtant d'une excellente cote auprès des cinéphiles, apparaissant régulièrement dans les tops du genre. Il est aussi célèbre pour être un uppercut... et il faut bien dire que cette réputation n'est guère usurpée.


"Idi i smotri" (traduit pompeusement par "Requiem pour un Massacre" mais qui signifie en réalité "Viens et vois", phrase tirée de la Bible) revient sur les atrocités commises en Biélorussie pendant la Seconde Guerre Mondiale. A travers cet adolescent voulant devenir partisan soviétique, on y verra les exactions brutales commises par les SS, et les représailles violentes menées par les locaux.


Le film affiche un paradoxe, mêlant une volonté de réalisme effréné pour dénoncer les faits, avec un aspect surréaliste qui reflète l'état d'esprit du protagoniste. Ainsi, d'un côté nous aurons un tournage effectué en décors naturels en Biélorussie, et dans l'ordre chronologique pour marquer progressivement le jeune Alekseï Kravtchenko, alors acteur inexpérimenté. Un scénario signé Ales Adamovich, qui fut lui-même partisan. Des couleurs boueuses et poisseuses, une violence jamais minimisée (corps ensanglantés ou brûlés, victimes marquées)... et des armes parfois chargées à balles réelles pour les prises !


De l'autre, le montage sonore étrange (de rares musiques, un bruit d'avion sourd récurrent), les nombreux gros plans hallucinés face caméra, et les semblants de pause entre moments cauchemardesques, évoquent un enfer contemplatif que l'on espère le plus irréel possible. Ce qui n'est malheureusement pas le cas.


Après, l'ensemble est parfois un peu longuet, surtout dans le premier acte qui prend son temps pour démarrer, et en particulier avec le style documentaire choisi par le réalisateur (caméra à l'épaule). Mais Alekseï Kravtchenko est impressionnant dans son rôle, et parvient à retenir notre attention en exprimant des émotions que son personnage absorbe en quelques jours, là où d'autres ne les subiraient pas dans une vie entière.


Il s'agit donc d'un brûlot anti-guerre des plus cinglants, qui n'a pas volé son statut de classique du film de guerre.

Redzing
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le 7 juin 2021

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