Brideshead Revisited est un film un peu étrange, ni vraiment bon, ni vraiment mauvais, qui se laisse regarder d'un oeil distrait. Ce n'est pas un film à regarder lorsque l'on recherche le rire ou même le sourire.
L'atmosphère du film est mélancolique au possible dès les premières minutes et ce, jusqu'à la fin. C'est quelque peu déstabilisant au début car l'histoire se met (très) lentement en place, tout est encore « innocent » et on n'en est qu'aux prémices de la relation/amitié entre Sebastian et Charles. Cette mélancolie s'empare du spectateur et ne le quitte plus durant plus de deux heures. A aucun moment on ne ressent d'amélioration dans la situation, c'est très étrange comme sentiment et comme procédé. D'ordinaire, l'histoire alterne entre moments sombres et noirs et instants sensés redonner espoir en l'histoire mais ici, ce n'est absolument pas le cas. On s'enfonce toujours un peu plus dans la mélancolie, jusqu'au point de non-retour où l'on se rend compte que de toute façon, la fin ne sera pas joyeuse. Elle ne sera peut-être pas triste pour autant mais le film ne se terminera certainement pas sur une note légère et allègre.
C'est le personnage de Sebastian qui rend le tout si mélancolique. C'est un personnage qui, dès l'instant où l'on pose les yeux sur lui, fait de la peine. Il fait peine à voir. On le sent immédiatement qu'il n'est pas heureux et malgré le fait qu'il tente de le cacher au quotidien, cette aura de tristesse qui l'entoure finit toujours par revenir avec force, se rappelant à son et à notre bon souvenir. Alors, au tout début de l'histoire, on ne comprend pas vraiment pourquoi ce jeune homme qui a tout pour lui et tout pour plaire semble vivre dans la douleur permanente de son existence. On comprend néanmoins très bien que l'homosexualité à cette époque était un sujet plus que tabou, qu'il ne fallait même pas envisager et/ou évoquer. Mais le vrai problème n'est pas la société et ses moeurs, la véritable raison de l'abattement de Sebastian est sa propre mère qui lui récite sans cesse des paroles de Dieu et qui ne supporte pas l'idée que son fils soit différent et en idée contraire avec sa religion. Elle exerce une pression psychologique constante sur Sebastian qui ne peut rien faire d'autre que subir et boire pour oublier. Bien souvent, Sebastian a l'air d'un enfant qui n'a pas voulu grandir et à qui on aurait enlevé son ours en peluche et quand il se met enfin à parler, c'est comme si tout lui et nous revenait soudainement en plein dans la figure. C'est une répétition incessante de ce qui est admis par rapport à ce qui est.
J'en suis venue à me dire que Brideshead est une sorte d'endroit maudit, qui détruit les sentiments et les relations. Un lieu qui exerce malgré tout une fascination sans fin pour certains personnages (et notamment Charles) mais qui finit irrémédiablement par être une demeure source de peur et de cauchemars.
Charles Ryder m'a laissé complètement indifférente. Je suis restée focalisée sur Sebastian durant tout le film et ce, même après qu'il n'apparaisse plus à l'écran. De ce fait, j'ai observé le personnage de Charles de loin, sans compatir, sans réellement comprendre sa vision des choses et du monde. Il voulait tellement appartenir au monde des gens privilégiés qu'il finit par être aveuglé par ce qu'il devient. Il contribua involontairement à la destruction de chacun, y compris la sienne. A vouloir tout avoir, il finit sans rien. Pourtant, ce n'est vraiment pas un personnage méchant. Il est agréable, poli et ne fait preuve de mépris envers personne mais son obsession pour Brideshead finit, comme pour bon nombres de personnages, par le discréditer aux yeux de tous.
La romance entre les protagonistes est à l'origine de tous les problèmes dans l'histoire mais j'ai cependant eu l'impression qu'elle était reléguée au second plan. Peut-être était-ce parce que j'étais occupée à ne pas finir étouffée par la pesanteur de l'ambiance générale du film mais toujours est-il que l'histoire d'amour m'a semblé tout aussi maudite que Brideshead. Le tout reste tragique et mélancolique, toujours dans la même veine que la première partie du film qui se concentrait sur Sebastian.
En conclusion, Brideshead Revisited est un film oppressant par sa noirceur dans le traitement des sentiments et excessivement mélancolique, qui s'enfonce chaque minute un peu plus dans un univers dramatique dont la fin est couru d'avance.
Aunbrey
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le 7 juil. 2013

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