"Revenge" : un exercice de style suresthétiser

La critique complète : http://cinecinephile.com/revenge-realise-par-coralie-fargeat-sortie-de-seance-cinema/


Pour évoquer Revenge, le premier long-métrage de Coralie Fargeat, il faut replacer le film dans son contexte actuel. La promotion de Revenge a beaucoup bénéficié de la comparaison avec son film antithèse, Grave de Julia Ducournau, surfant sur la vague lancer par le premier film de la cinéaste qui a redonné une certaine fraicheur au cinéma de genre français. Les deux films ont en commun d’être des portraits de femmes, des parcours initiatiques qui passe à travers la représentation de corps organiques, une approche viscérale et horrifique du corps féminin. Deux films réalisés par des réalisatrices qui mystifient leurs héroïnes. Revenge se présente comme un pur Revenge Movie, un film d’Entertainment selon les dires de Coralie Fargeat. [...]


Si les deux films partage en commun une introspection physique du corps féminin, les deux cinéastes abordent l’organicité de leurs héroïnes de manière différentes. Là où Julia Ducournau se sert du corps de son héroïne, du cannibalisme et de la chair pour crée une brillante allégorie de la découverte des désirs sexuels, Coralie Fargeat sexualise ouvertement son personnage au début du film pour faire suivre au spectateur la purification cathartique d’un corps féminin pour mieux la mystifier par la suite et en faire un mythe débordant de féminisme. Si l’intention de départ est tout à fait juste, la manière de le représenter laisse parfois à désirer. La cinéaste érotise ouvertement son personnage à l’image de l’esthétique de son film : chaque plan déborde d’une suresthétisation constante, avec des couleurs pétante, des jeux de lumières abusif au possible, une stylisation qui montre clairement les références évidentes d’un Nicolas Winding Refn, ou même d’un John Carpenter avec une bande originale composée de sons synthétiques signée par le compositeur français ROB qui fait une nouvelle fois preuve d’un travail de composition remarquable, se démarquant des sentiers battus de la composition musicale dans le paysage du cinéma français.


La référence cinématographique principale que cite la réalisatrice est David Cronenberg (un autre point commun avec Julia Ducournau), le corps étant ici mis à l’épreuve des milles et une souffrances viscérales et organiques, et il faut reconnaître un travail autant sonore que visuel sur l’organicité, la matière du corps et du sang, qui inscrit le film de Coralie Fargeat dans la pure tradition du Body Horror Movie. [...] Pourtant, si le film de Coralie Fargeat possède les atouts d’un film de genre, il manque à la cinéaste une réelle vision d’auteur sur le féminisme de son personnage, qui est ici trainé dans des symboliques lourdes avec de gros sabots et peu de subtilité, le tout baigné littéralement dans un bain de sang, certes divertissant et efficace dans les moments de bravoures, avec une surdose d’esthétisme qui frôle l’overdose.


[...] En opposé à la réussite de l’excellent Grave, le premier film de Coralie Fargeat, qui ne manque pas d’ambitions et de qualités indéniables dans le cahier des charges du film de genre, peine à convaincre dans son propos féministe qui frôle de peu l’indigeste. Le film Revenge reste néanmoins un exercice de style qui s’en tire, de peu, avec les honneurs du genre.

GalDelachapelle
7
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le 20 févr. 2018

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