Robin des bois : la véritable histoire poursuit la collaboration et l’amitié entre Max Boublil et Anthony Marciano, après un certain nombre de sketchs de l’humoriste, après le succès des Gamins en 2013 et avant Play en 2019. Les deux compères sont au scénario, mais seul Anthony Marciano assure la réalisation, tandis que Max Boublil occupe la première place à l’écran.


Mais en 2015, ce film est une petite douche froide, mal aimé, dont les entrées, pourtant généreuses, 500 000 personnes, ne couvrent pas le lourd budget du film. Robin des bois boit la tasse.


Il est pourtant joli. Les décors moyenâgeux ne manquent pas de charme, ni de personnalité, avec des costumes qui ont de la gueule, qui sentent la paille et la terre, avec un peu de cuir animal par dessus pour assurer les prestances. Le plus souvent filmé en décors naturels, les forêts sont belles (merci la Hongrie) tandis que l’éclairage des intérieurs se fait le plus souvent à la bougie, ce qui donne tout de suite un certain cachet. Nous ne sommes pas loin de la direction artistique de Kaamelot, un peu sombre, sans collants ou autre artifices kitsch.


Mais il ne s’agit pas pour Anthony Marciano et Max Boublil de proposer une interprétation héroïque et sombre du personnage de Robin des bois, bien au contraire. Le décor est posé, le cadre (technique) est là, mais ce Robin des bois est en fait un petit escroc, un magouilleur qui détrousse les pauvres, les femmes et les infirmes, et qui ne cherche qu’à amasser un pécule suffisant pour acheter une maison close, aidé par son fidèle Tuck.


Il va pouvoir y arriver en profitant de la crédulité du gang de Sherwood, des brigands des bois qui eux volent aux riches. Leur dernière recette, Robin s’en empare au risque de s’attirer de nouveaux ennemis,dont le shériff de Nottingham, despote de la région, un tantinet psychopathe sur les bords et très rancunier.


Tourner en dérision Robin des bois ne peut pas être une mauvaise idée, Mel Brooks l’a bien fait. En faire un petit escroc à la langue bien pendue va bien à ce grand enfant de Max Boublil, qui rentre bien dans le costume de ce personnage, costume qu’il s’est fait sur mesure.


Mais est-ce bien drôle ? Si on peut apprécier l’impertinence de l’humoriste qui n’hésite pas à rentrer dans le lard avec le sourire, cet humour éparpillé sur tout un film peut agacer. Les attaques sur le physique de Marianne, le fil-rouge de Tuck, homo, arabe ou asiatique, selon les cas ou la scène dans la baignoire entre deux homosexuels ne font pas partie des meilleurs gags du cinéma français, bien loin de là. La provoc’ ne prend pas sur une telle durée. L’insolence amusée se fait plus beauf, et même si parfois on peut en rire, d’une bonne grosse louche de vulgarité affirmé ou de petite méchanceté, sa répétition fatigue bien vite, alors qu’un bon dialogue, un seul, aurait pu suffire.


En plus de ces provocations immatures il y a aussi un manque évident de retenue, afin de répéter ou étirer les moments gênants. A l’image de cette pause pipi bien trop longue et peu réaliste, puisque Robin et Tuck se font uriner dessus sous un fossé à peine plus bas que les soldats qui pourtant ne les voient pas. Ou la mauvaise haleine de frère Jean, sans cesse rappelée. Humour.


Le personnage de Robin sera amené à évoluer, mais la remise en question sera bien légère et sans vraiment s’excuser, et le film encore moins. Les acteurs jouent pourtant le jeu, ravis de s’amuser, mais peut-être aussi inconscients des limites du film, avec Gérard Darmon, Ary Abittan, Patrick Timsit, Malik Benthala et surtout Géraldine Nakache, très forte, malgré des attaques répétitives sur son physique.


Pas vraiment impertinente, ni même vraiment pertinente cette vraie histoire de Robin des bois est un divertissement assez quelconque, tout juste bon à offrir quelques rires et beaucoup de soupirs.

SimplySmackkk
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le 28 sept. 2021

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