Toujours debout
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Même si un film ne se critique pas forcément en rapport avec un autre, ici la mise en parallèle semble inévitable. D’abord de par le genre, le biopic musical, et ensuite au vu de la personnalité dont on raconte la vie, un chanteur britannique gay et dont les frasques et l’exubérance ont marqué la culture et les esprits durant le siècle passé. Seulement, si le biopic sur Queen et Freddie Mercury avait du sens sur le fond, du fait de la mort du chanteur et de l’arrêt du groupe, celui-ci semble moins logique et sincère car Elton John est toujours vivant et qu’il a gardé un contrôle important sur le film. Ce qui lisse forcément encore plus son contenu que si ce n’était que les ayants droits qui y mettaient leur grain de sel. Donc, d’approche, « Rocketman » apparaît moins nécessaire que « Bohemian Rhapsody » et l’émotion semblait donc plus difficile à atteindre. Mais Dexter Fletcher a choisi une approche différente en faisait du long-métrage une quasi comédie musicale.
Si ce parti pris artistique occasionne de belles séquences, notamment sur la chanson du titre, elle ne se marie pas toujours de la meilleure des façons au sujet. En effet, certains passages musicaux s’avérant un peu mis au forcing dans l’ossature narrative du film. Néanmoins cela permet à « Rocketman » de se différencier un peu du tout venant de ce genre de plus en plus courant et balisé qu’est le biopic musical, devenu une manne à dollars. Il est d’ailleurs fort probable qu’on ait sous peu droit à des œuvres sur Prince, Georges Michael ou encore Diana Ross. Mais revenons à ce film en hommage à Elton John où on aurait aimé plus de noirceur et plus d’authenticité. Surtout que la psychologie du malheur du petit Reginald (de son vrai nom) est dû à un manque d’amour parental flagrant, un traumatisme seriné ici au marteau-piqueur sans aucune subtilité. Quant aux manipulations de son manager, elles sont très grossières, le pauvre Richard Madden héritant d’un second rôle de mauvaise éminence grise, manichéen et peu dessiné. Jamie Bell a plus de chance en meilleur ami. Mais c’est Taron Egerton qui attire tous les regards et s’en sort comme un chef avec le rôle-titre, cependant son énergie n’arrive pas à nous sortir de la relative passivité avec laquelle on regarde le film.
« Rocketman » suit à la lettre le schéma narratif débuts, gloire, chute et rédemption et ses saillies musicales ne parviennent pas à nous sortir de notre torpeur. Ce n’est pas déplaisant mais c’est juste attendu et ça manque énormément d’émotions voire même de rires. Certaines scènes ayant vocation à faire rire tombant souvent à plat. Alors on se distrait avec la garde-robe excentrique du chanteur et ses excès artistiques et on s’accroche aux meilleures séquences, en l’occurrence celles où Elton John affronte le dédain de ses parents. Les deux heures ne semblent pas trop longues mais on les regarde sans être complètement investi, les époques choisies s’enchaînant selon le bon vouloir des scénaristes (et du producteur omniprésent qu’a dû être le chanteur). C’est donc un peu décevant, bien plus tiède qu’on ne l’espérait et pas forcément passionnant. Ces biopics musicaux devenant même lassants à force de se ressembler, et l’on en vient même presque à regretter le pourtant très particulier « I’m not there » sur Bob Dylan par Todd Haynes.
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Créée
le 5 juin 2019
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