Malgré son sujet et son actrice principale, le facture du film d’Aurélie Saada est trop faible pour convaincre. Bourré de générosité et de sincérité, le film est non-exempt de facilité, des scènes mal-écrites ou trop longues.
Rose est une femme de 78 ans dont le mari, autour duquel tournait toute son existence, vient de mourir. A la tête d’une famille juive séfarade, elle prend conscience que la vie vaut quand même le coup d'être vécue et sa transformation surprend toute la famille.
L’un des intérêts du film est la représentation de la vie de famille juive. Loin et débarrassé des clichés associés aux films sur des familles juives comme la saga ‘La vérité si je mens’, ‘Rose’ montre le poids de la religion, des traditions et des rituelles comme lors de l’enterrement du patriarche, ou de la fête des noces d’or ou d’argent. Aurélie Saada, qui doit parler de sa famille, a fait le choix d’une certaine authenticité. En effet, elle fait appel à la très médiatique rabbine Delphine Horvilleur.
Les films de senior semblent connaître une certaine résurgence au cinéma, si l’on s’en réfère à ‘The father’ de Florian Zeller ou ‘Vortex’ de Gaspard Noé. Mais contrairement à ces deux films, ‘Rose’ est un portrait nettement plus positif. On y voit cette octogénaire, comme dans ‘Les jeunes amants’ de Carine Tardieu, reprendre gout à la vie. On la voit conduire sa belle bagnole comme une folle, tenter une idylle avec un barman plus jeune qu’elle. Dans ce rôle, le minimum syndical de l’éloge est de reconnaître que François Fabian est absolument rayonnante. Elle trouve un très joli rôle.
Malheureusement, le film est d’une facture assez faible. Certes, c’est un premier film mais malheureusement certaines scènes sont vraiment trop longues, mal agencées et assez inégales. Car si la scène des noces d’argents est assez réussie (on pense à une scène de Bar-Mitsva dans le ‘Two Lovers’ de James Gray), la scène du repas avec les amis est vraiment trop mal écrites. Même si c’est une bonne idée de faire apparaître Michèle Moretti en Marceline Loriden-Ivens (voir la réaction d’étonnement de Françoise Fabian quand elle la voit arriver et face à la crudité de ses propos), la scène est trop longue et cède à certaines grosses ficelles. En effet, faire fumer un joint à Françoise Fabian pour signifier qu’elle ce décoince est un peu grossier. De même, clore son film sur un regard caméra et une image arrêtée de Fabian est un procédé classique pour terminer son film, depuis ‘Les 400 coups’ de Truffaut.
Les personnages sont inégalement croqués. Certes, comme l’indique le titre, Rose est le personnage central du film. Mais ses enfants n’ont pas de rôle suffisamment bien écrit. Aure Atika joue une mère divorcée encore amoureuse de son ex-mari, ce qui disons-le est un schéma cinématographique très convenu. Damien Chapelle joue un fils-à-maman, mais dont le personnage est trop chargé. Enfin, l’excellent Grégory Montel joue un personnage dont les pistes ne sont pas assez développée, dont la pise d’un adultère avec Anne Suarez. Alors pourquoi en parler, si ça n’apporte rien à l’histoire ? Enfin, Pascal Elbé livre une interprétation faiblarde en barman, ce qui rend tout à fait improbable les scènes de liaison sentimentale et sexuelle avec le personnage de Rose.
‘Rose’ n’est donc un film à voir que pour Françoise Fabian.