Le pouvoir de Suggesrtion ? Ou pas...
(Je préviens qu'il y aura des SPOILERS donc ne lisez pas cette critique si vous n'avez pas vu le film)
8,7 de moyenne chez mes éclaireurs c'est assez rare. Rare parce qu'ils ont tous un profil différent et donc en cas de parfaite unanimité ça ne peut que me plaire. Sauf que je suis un peu déçu du résultat car j'ai l'impression de ne pas avoir vu le même film qu'eux. Alors que je m'étais déplacé dans un petit cinéma de quartier pour le visionner.
Guy Woodhouse et son épouse Rosemary emménagent dans un vétuste appartement new-yorkais.Le jeune couple qui projette d'avoir des enfants se lie rapidement d'amitié avec ses voisins; les Castevet. Sauf que ces derniers deviennent rapidement envahissants et qu'a fortiori de nombreux phénomènes étranges semblent leur être imputés...
On commence à parler de bébé qu'après 45minutes de film. C'est un peu long. Surtout qu'il ne se passe pas grand chose durant ce laps de temps. On suit ce jeune couple et on s'habitue tout doucement aux personnages qui côtoient leur quotidien. Reste Mia Farrow qui est très agréable à l'écran et qui est magnifiée par la réal' de Polanski.
Le film prend une tournure plus intéressante lors de la conception du bébé. L'ambiance change, le psychédélisme et le malsain s'invitent à la fête et on se délecte de cette mise en scène. On se dit que le film est lancé. Que ça y est, c'est parti. Et c'est en partie vrai. A partir de ce moment, le personnage de Rosemary va gagner en épaisseur même si le rythme va rester très lent.
Mais là, on peut faire fi de ce rythme. On peut car on observe avec attention le malaise naissant chez la future maman. On se demande si elle est folle ou à contrario si des manigances sataniques sont bien orchestrées pour s'emparer de sa progéniture. En cela, Polanski abat un travail formidable. On est noyé dans le flou le plus total et on attend avec impatience le dénouement tout en échafaudant les théories les plus folles.
Arrive le final qui met fin au suspens. L'instinct maternel avait parlé. Satanistes et complots étaient bien présents. Et c'est sur une émouvante scène dramatique que la fibre maternelle de Rosemary s'exprime lorsqu'elle contemple son engeance démoniaque. Engeance que nous ne voyons pas. A aucun moment. Et c'est là que je ne comprends pas l'engouement autour de ce film.
Je n'ai pas vu le bébé. A aucun moment. Et je n'ai pas cherché à le voir. Pourquoi l'aurais-je fait ? Si Polanski ne nous le montre pas je ne vois pas pourquoi j'aurais dû aller le chercher là où il n'est pas. En lisant quelques critiques, je constate que des internautes trouvent ce procédé génial. Pour ma part il me laisse de marbre. Et surtout je ne le comprends pas.
A la rigueur, on croit l'apercevoir dans son berceau vers la fin du film quand Rosemary se cache dans la chambre du nourrisson avec son couteau mais ce n'est qu'une poupée. En dehors de ça, pas de bébé à l'horizon. Et...et alors j'ai envie de dire ? Ca a peut-être crée un mini buzz il y a 45ans mais aujourd'hui ça ne m'a pas touché. Si je n'avais pas lu quelques critiques, je serais même passé totalement à coté de cette notion de "pouvoir de suggestion".
Au final Rosemary's Baby est un film que je retiendrai pour la prestation d'artiste de Mia Farrow. Sa paranoïa m'aura tenu en haleine et ce malgré les interminables longueurs qui jalonnent ce film. Et la réalisation de Polanski est vraiment léchée et n'a pas pris une ride. Quant au bébé, j'ai envie de dire qu'on s'en fout. Les absents ont toujours tort !