Jacen - Trip in Asia

Ryuzo and the seven henchmen (2015) - 龍三と七人の子分たち / 111 min.
Réalisateur : Takeshi Kitano - 北野武
Acteurs principaux : Tatsuya Fuji - 藤竜也 ; Masaomi Kondo - 近藤正臣 ; Akira Nakao -中尾彬 ; Ken Yoshizawa -吉澤健 ; Beat Takeshi -ビートたけし
Mots-clefs : Japon ; Comédie ; Yakuza ; Grands-pères.

Le pitch :
Ryuzo et ses 7 anciens sbires sont tous des yakuzas à la retraite qui vivent aujourd’hui comme des seniors lambdas. Un jour, Ryuzo est victime de fraude par phishing. Il rappelle alors ses hommes de main pour reformer leur gang.

Première impressions :
Du fun sans prises de tête ni grande réflexion, voilà qui pourrait résumer parfaitement le dernier film de Takeshi Kitano. Oubliez la rêverie, oubliez le sérieux, le comique Kitano passe derrière la caméra pour nous divertir. Blagues potaches, comique de situation pipi-caca, nous sommes loin, très loin des grandes heures du réalisateur. De quoi dérouter les amateurs de Hana-bi et Zatoïchi. Néanmoins, il faut croire que j’étais dans l’esprit car j’ai plutôt apprécié ce film (très) léger.

« Ryuzo », c’est un peu Kitano qui se moque de lui-même, de son thème favoris, celui des Yakuza. Son premier film sur le sujet date de 1989, le thème et ses acteurs* ont vieillit et Kitano en a conscience. Les personnages de son film sont des retraités qui vivent chichement et qui décident de reprendre du service. Des hommes qui ne sont plus adaptés à la société.

Point intéressant, pour une fois Kitano se place en dehors de l’action. Il n’est pas le personnage principal de son film. Il joue le rôle d’un inspecteur de police qui, on le devine, a eu souvent affaire avec Ryuzo et ses comparses. S’il joue son rôle de représentant de l’ordre, il est lui-même de l’ancien temps et a par conséquent une relation affective avec les anciens yakuzas qu’il surveille et parfois protège de loin. Une allégorie de son rôle de réalisateur en quelque sorte.

Côté réalisation, le film est bien évidemment impeccable. Kitano fait la part belle à ses acteurs qu’il cadre en plans serrés. Au-delà du ridicule qu’ils inspirent, les acteurs ont des gueules et jouent parfaitement leurs rôles. Hélas le comique du film, l’avalanche de situations grotesques nous empêche un peu de nous attacher aux personnages. En fait, si le thème est génial, j’aurais apprécié un traitement plus profond, un humour plus subtil.

Côté scénario, la trame est relativement simple mais elle est bien menée. Le film commence sérieusement puis plonge doucement dans la folie douce. Côté musique, Keiichi Suzuki (Tokyo Godfathers, Zatoïchi, Outrage et Outrage Beyond) a fait du bon boulot. La musique, peu présente, vient souligner le film aux moments opportuns.

En bref, “Ryuzo and the seven henchmen” est un Kitano atypique dont la légèreté ne conviendra pas à tout le monde. Toutefois il est intéressant dans une perspective d’appréciation de l’œuvre du réalisateur qui ne renie pas sa casquette de comique de service de la télévision japonaise.

**Ken Yoshizawa a joué dans Violent Cop (1989), Kenichi Yajima dans Sonatine (1993), Akira Nakao dans Achilles et la tortue (2008) et Outrage Beyond (2012),*