Entre deux volets du "Grand blond", Yves Robert signe son film le plus mélancolique, sous influence de la comédie italienne et (à un degré moindre) de Claude Sautet, avec lequel il partage la collaboration régulière de Jean-Loup Dabadie, ici dialoguiste et coscénariste.
Objectivement, "Salut l'artiste" est un film qui a beaucoup vieilli, et dont le principal intérêt réside à mon sens dans le témoignage d'une époque révolue et d'une profession qui a beaucoup évolué, celle des intermittents du spectacle.
En effet, le héros incarné par Marcello Mastroianni est un comédien de troisième rang, toujours en quête d'un cachet, d'une figuration, d'une publicité à tourner. Cette vie mouvementée, jamais routinière, il la partage avec son grand copain joué par Jean Rochefort, lequel va progressivement se lasser de la précarité de leur situation, à l'orée de la quarantaine.
L'absence de trame scénaristique (hormis une vague intrigue familiale et sentimentale) constitue la principale limite du film. Un pari courageux et cohérent avec l'objectif d'Yves Robert et Jean-Loup Dabadie (présenter une simple tranche de vie, celle d'un homme traversant une crise existentielle), mais qui n'est pas loin de provoquer un certain ennui à plusieurs reprises.
Heureusement, le film peut compter sur la présence de Françoise Fabian, alors probablement au sommet de sa beauté (époque "Ma nuit chez Maud", "La bonne année"...), pour apporter une touche d'élégance supplémentaire, dans le rôle de la maîtresse délaissée du héros - lequel semble lui préférer la compagnie de son ex-femme, interprétée par l'italienne Carla Gravina (le malheureux!).
Parmi les atouts de "Salut l'artiste", on relèvera en outre la jolie mélodie un peu plaintive composée par Vladimir Cosma, qui contribue à installer une touche de mélancolie teintée d'amertume (mais non de pessimisme), achevant de rapprocher le film d'Yves Robert de la comédie italienne.