Magnifique film, mais fin un peu facile

Quel film extraordinaire sur l'identité.
Wikipédia le taxe de comédie, je ne pourrais pas être plus en désaccord.

Je ne savais pas du tout de quoi le film traitait, mais je n'ai vraiment, vraiment pas été déçue. J'y suis allée parce qu'il était réalisé par ceux qui ont fait un de mes films français préférés, Nos Jours Heureux. Et sur l'affiche, il y avait écrit : par les réalisateurs d'Intouchables. Ah, ok. J'avais pas capté que c'étaient les mêmes. Bref.

Il m'est impossible de parler du film sans spoiler ; vous êtes prévenus.

Ma première réaction en sortant : je n'ai pas apprécié la fin. Elle n'était pas à la hauteur du reste du film.

Pendant ce film, vous aurez parfois le sourire au lèvres à vous en faire mal à la mâchoire. Parfois, vous aurez le cœur serré, mais Nakache et Toledano finiront toujours par vous faire rire aux moments les plus poignants. Parfois vous aurez un coup de massue dans le crâne, comme quand vous vous rendez compte que tout le monde crache sur les immigrés, mais finalement, les grosses boîtes, ça les arrange bien d'embaucher au black des noirs sous-payés.

Vous vous mettrez dans la peau de Samba qui doit changer 5 fois d'identité, et donc de prénom, et donc d'histoire, juste pour espérer rester un peu plus dans un pays pour lequel il a bossé pendant dix ans sans mériter d'y être légaliser.

Vous apprendrez qu'il y a des associations qui font leur possible pour que des clandestins aient des papiers, mais en fait, ils sont complètement impuissants.

Le film échappe à beaucoup de clichés. Ce n'est pas la blanche à la belle vie qui vient sauver le noir paumé. Elle est tout aussi perdue que lui. Ils s'entresauvent, il se sortent mutuellement de leur merde, ils se trouvent alors qu'ils sont en train de creuser le fond qu'ils ont touché depuis longtemps. Et Alice est finalement bien plus dépendante de Samba que l'inverse.

Un des éléments que je trouve le plus intéressant du film, c'est le personnage de Wilson. Il est brésilien... enfin, c'est ce qu'il fait croire. Et Manu, une bénévole de l'association, tombe sous son charme parce qu'il est « sud-américain ».
Or, il est en fait arabe. C'est exactement la même personne, sauf qu'en vrai, il vient d'Algérie. Est-ce que Manu, et par extension nous, en tant que spectateur, aurions apprécié ce personnage de la même manière si on avait su son origine dès le départ ? (Je ne cherche pas à tenir un propos raciste, attention ! Je pense juste que cet élément du film nous pousse à réfléchir sur les préjugés que l'on a tous même si on essaye de ne pas en avoir)



La fin, maintenant. Je vous en propose deux autres qui m'auraient convenues :
- Après la course poursuite, Samba se noie et meurt. A cause d'une simple connerie en tant qu'humain, qui n'a strictement rien à voir avec sa situation de sans-papier, lui coûte la vie. Il n'aurait alors plus été défini seulement par son statut de sans-papiers, mais aussi par son statut d'homme. Alice retombe dans sa dépression pour de bon.
- Samba retourne dans son pays, refusant ainsi de prendre le risque d'oublier qui il est, et préférant retourner à la misère de son pays que de continuer à se battre à tout prix pour obtenir quelque chose qu'il n'aura sûrement jamais.



**Pour ceux qui ne l'ont pas vu** : ne regardez pas le trailer, il est nulach'.



https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/bakchich-prod/ckeditor/pictures/46029/content_samba.jpg
Ouve
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le 31 oct. 2014

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