Avec une affiche pompée sur le schéma de World War Z, on ne savait pas trop quoi penser de ce nouveau film catastrophe, sinon un peu de crainte au vu des terrains habituellement arpentés par le genre (message fédérateur au premier degré violemment naïf, symbolique lourde jugeant les caractères des protagonistes, destruction carabinée de biens matériels, ect...). Rien de bien neuf, potentiellement beaucoup de clichés, de l'ennui et peut être un peu de ridicule. Et si San Andreas ne renouvèle pas sa catégorie, il a au moins l'aplomb de l'exploiter correctement, du moins dans sa plus grande partie.
Qu'on se comprenne tout de suite, le film catastrophe est blâmé ou loué pour essentiellement une chose : le facteur humain. Les qualités techniques passeront toujours après (c'était l'un des points forts de 2012, complètement ridicule mais fendard dans ses scènes d'action improbables), les personnages sont toujours le point d'ancrage du public et donc l'essence même du film. Et ici, ils sont tous réussis. Seul le père de substitution a été torché de façon totalement indigne, dans une espèce de caricature du Mal habité de l'instinct de survie qui non seulement ne sert à rien mais est évacué du film de façon complètement indigne. Pour les autres personnages, la caractérisation est exemplaire. Ce sont finalement des clichés qui sont logiques, qui réfléchissent, et qui ne sont pas animés d'intentions mesquines ou nuisibles, ni de naïveté primaire. Les personnages s'intègrent très bien dans la réalité et ressemblent enfin à des humains que l'on pourrait cotoyer, qui plus est sans le moindre excès dans le jeu d'acteur. Il n'y a qu'à voir la séquence de discussion entre Dwayne Johnson et Carla Gugino dans l'avion pour constater à quel point la direction d'acteur a voulu garder sa mise en scène dans le naturel malgré les circonstances rythmées. Traumatisme bien exposé, traité sans excès, Dwayne qui arrive à le faire ressentir pendant qu'il en parle... Avec une approche humaine aussi immersive, le film peut se permettre des séquences comme le rush vers le tsunami ou le sauvetage au milieu des immeubles qui s'effondrent sans qu'on s'attarde avec cynisme sur la destruction chiadée de biens matériels dans tous les sens rendue cool par la recherche d'adrénaline.
Malheureusement, les 15 dernières minutes font plusieurs grosses erreurs qui le replongent dans les travers de ses prédécesseurs. Cela ne concerne pas la structure du film, bien dosée avec le suivi des découvertes d'un géologue qui annonce avec logique la propagation des évènements sismiques, (qui plus est sans jamais rencontrer nos héros, merci d'être cohérent) mais plutôt le facteur humain, qui retombe dans les travers hollywoodiens du film catastrophe façon Rolland Emmerich. Plutôt que de conclure sur une note un peu grave, le film nous fait le coup du cliché de l'acharnement qui paye, et ça nous casse vraiment les pieds. Puis on conclut sur un petit drapeau américain un peu abîmé, et l'élan fédérateur pour reconstruire. Et pour la première fois du film, on entend une prière. On prend alors conscience que le film a, pendant la totalité de son intrigue, soigneusement évité de partir sur le sujet de la religion, pourtant récurrent dans le genre (cataclysme divin, ect...), nouvelle preuve de la subtilité de ce blockbuster qui apporte un peu d'air frais en ne se focalisant que sur les motivations logiques de ses personnages.