Qu'est-ce qui fait un bon portrait ? Comment faire en sorte en faisant un film de créer quelque chose de plus intéressant qu'une simple page wikipédia ? Faire le portrait d'un homme dans toute sa complexité, en faire le portrait d'une génération, d'un pays, d'une époque actuelle ou révolue. Ou tout simplement rendre hommage et faire toucher, un moins un peu, le génie de la personne.
Et je pourrais presque finir ma critique sur ces lignes, malheureusement Satoshi Kon l'illusioniste ne fait rien de tout ça et reste sur la surface du reportage télé visible sur TF1 après le JT.


La structure du film joue beaucoup sur cet aspect très lambda et programmatique. On revient vite fait sur le passé de mangaka et du cursus de Satoshi Kon. On avance chronologiquement de film en film avec des entretiens de producteurs, dessinateurs, réalisateurs ayant connus Satoshi Kon, doubleurs etc... Et ils n'apportent pas grand chose ces entretiens hormis de simple informations factuelles ou des descriptions très vagues sur sa personnalité.
On parle de son génie, du fait qu'il n'accepte aucunement l'échec, aux standards haut, de son calme malgré la folie de ses films, de malgré ça sa gentillesse. On dirait un portrait banal du génie dur avec ses collaborateurs mais néanmoins bon. On ressent quasiment jamais à quel point il était insaisissable, presque céleste, le film rend plutôt une impression de vague qui juste ne creuse pas pour le comprendre.


Et sur les personnes qui parlent rarement on ressent de chose pour eux aussi. Ils délivrent les information, parfois des anecdotes amusantes qu'ils ont eu avec Satoshi Kon mais le film n'arrive pas à faire dégager quelque chose d'eux aussi. Hormis une scène, un dessinateur qui parle de sa rupture avec Satoshi Kon car le niveau était trop haut pour lui, en disant avoir eu alors une dispute. Puis quelques années après Satoshi Kon meurt foudroyer par un cancer. Alors on sent la fébrilité dans la voix du dessinateur qui dit qu'il ne serait jamais là sans lui, avec le regret profond de cette rupture et de cette dispute jamais résolu. Là effectivement on touche à une émotion très touchante qui va au delà du simple reportage sur la vie de Satoshi Kon.
Mais c'est tout.


C'est mon plus grand reproche, on a aussi eu cette année un documentaire qui faisant le portrait des films et de l'artiste qui était Michael Cimino, God Bless America de Jean-Baptiste Thoret. Sauf que dans ce film Thoret arrivait à nous faire ressentir l'esprit, le génie et surtout l'ambiance de ses films à travers son portrait. Il y avait une symbiose entre le film et ce qu'il disait des films de Cimino.
Là le film ne va pas plus loin que la vidéo de Every Frame a painting et wikipedia, et c'est franchement dommage au vue du génie véritable du bonhomme. Il y avait de quoi faire un vrai film, un vrai portrait intéressant avec plusieurs angles d'attaques. Là on effleure juste chaque sujet, comme un reportage sans âme. Un film juste programmatique pour l'un des artistes les plus organiques dans sa mise en scène sur ces 30 dernières années, il y a un arrière goût de gachis...

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le 7 août 2021

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