Un film sur la prostitution masculine est par définition assez rare pour qu'on s'y intéresse. La réalisatrice Camille Vidal Naquet a pris du temps pour s'informer sur le sujet et pour interroger longuement des prostitués sur la réalité de leur emploi et des conséquences sur leur vie.
On pourrait craindre d'un film documentaire mais elle s'en sort assez bien en nous présentant une narration soutenue avec beaucoup de justesse. La réal ne semble pas vouloir porter un quelconque message ou alerte mais elle décrit de façon crue la réalité d'un homme qui vend son corps.
Parlons-en de notre héros : 22 ans, le corps et l'âme très affectés par son mode de vie.On le suit entre ses clients aux demandes et envies variées et sa quête amoureuse d'un de ses collègues qui est -de fait- pas intéressé probablement dû à son hétérosexualité (qu'es ce qu'ils font chier ces oppresseurs).
Et notre jeune est aussi sans domicile, ce qui ne l'aide absolument pas à s'en sortir. Là où ses collègues font ce qu'ils font , ils l'estiment provisoire alors que ce jeune idéaliste n'imagine même pas une autre solution ou tout simplement d'arrêter. Il donne l'impression d'aimer ses activités ce qui l'oppose complètement à son crush qui à la chance de tomber sur un vieux qui l'embarque en Espagne pour sa retraite. C'est ce que peuvent espérer de mieux, les gens comme nous . La réponse du crush en question à notre héros sentimental qui lui demande de rester.
Bref, le héros tire une tronche de chien battu pendant la moitié du film, ignore superbement les médecins qui tentent de l'avertir et se fait martyriser au plug par un couple qui refuse de le payer. Les héros modernes !
Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce film : la dangerosité et la précarité d'un tel métier, la concurrence entre prostitués et les clients black-listés notamment celui que les gars dans le milieu appellent le pianiste.
Que dire de plus ? Bien interprété, bien réalisé, pleins de bonnes idées, assez novateur au regard du sujet. Bon cru 2018.