La semaine dernière, à l’occasion de la projection de « Jason Bourne : l’héritage », j’ai eu l’occasion de découvrir une bande-annonce sympathique et attrayante. Elle nous plongeait dans une histoire qui voyait cohabiter action et thriller. A cela s’ajoutait un casting étoilé qui finissait de me convaincre d’aller voir au plus vite « Savages ». En effet, l’opus présenté était la dernière réalisation d’Oliver Stone dont j’ai apprécié il y a quelques années « U-Turn » ou « Any Given Sunday ». Sa sortie date du vingt-six septembre dernier. D’une durée supérieure à deux heures, cette production était accompagnée de critiques plutôt positives. L’affiche attire aisément le regard. Elle se décompose en bandes horizontales très colorées. Chacune abrite un des personnages. Cela donne l’occasion de reconnaitre entre autre Taylor Kitshch, Benicio Del Toro, Blake Lively, Salma Hayek et John Travolta. Ils sont accompagnés d’un personnage masqué qu’on découvrira à l’occasion de la séance. De plus, on apprend que cet opus est l’adaptation d’un roman écrit par Don Weaslow qui m’était jusqu’alors inconnu. Je me garderai donc de toute réflexion quant à la rigueur de la retranscription de l’œuvre littéraire originale.
L’histoire se concentre autour d’un trio amoureux composé de Ben, Chon et O. Ils mènent une vie rendue tranquille par le succès de leur commerce de marijuana. En effet, ils produisent la meilleure herbe au monde. Mais la qualité fait des envieux. Ils se voient donc proposer une association par le cartel de Baja. Nos héros refusent poliment le deal. Mauvaise idée… O. se voit enlevée et les deux amis se voient pieds et poings liés au bon vouloir d’Elena, dirigeante du cartel. S’ils veulent récupérer leur amie, ils doivent revoir leur position commerciale. Mais avait-elle prévu que l’amour pouvait faire naitre les pires instincts bestiaux chez deux petits dealers…
La sortie dans les salles françaises de ce film l’accompagne d’une interdiction aux spectateurs âgés de moins de douze ans. Cette décision est légitime. Le monde de la drogue n’est pas celui dans lequel les enfants de chœur s’épanouissent. Et la vision que nous en présente « Savages » ne déroge pas à cette règle. Les décapitations, les fusillades, la torture… Aucun des ingrédients n’est négligé. Le plus grand adepte du genre est l’homme de main d’Elena nommé Lado. Interprété par Benicio Del Toro, il est incontestablement le personnage qui sort du lot malgré son aspect secondaire. Chacune de ses apparitions fait naitre un malaise certain chez le spectateur. Cet homme est dénué de sentiment et de moralité. Qu’est l’homme sans cela ? Une bête. Voilà ce qu’est Lado. Quasiment chacune de ses apparitions justifie l’interdiction évoquée précédemment.
Mais l’histoire ne se résume à une succession d’exploits de Lado. La première partie nous présente le trio de héros. Le moins qu’on puisse dire est qu’Oliver Stone prend son temps pour nous les faire rencontrer. En cinq minutes, on a compris que la fille est à la fois à avec l’un l’autre et que tout ce beau monde vit dans une villa de rêve en Californie. Ils produisent une herbe de grande qualité grâce aux talents de botaniste de Ben quand Chon, en tant qu’ancien militaire, vérifie que les paiements sont faits en temps et en heure. Cette situation qui n’a rien de complexe est exposée beaucoup trop longtemps et génère le sentiment que le film n’a toujours pas vraiment démarré. Les seuls spectateurs satisfaits seront les afficionados des courbes de Blake Lively qu’on voit tour à tour coucher avec Chon puis Ben et enfin avec les deux à la fois. Les trois premiers quarts d’heure du film sont presque ennuyeux. J’ai vraiment eu du mal à m’immerger dans l’histoire qui manquait à ce moment-là cruellement de rythme.
Tout cela s’améliore à partir du moment où O. est enlevée. En lui offrant un statut d’otage, Elena déterre une hache de guerre dont elle ne connaissait pas l’existence. On se plonge alors dans une guerre opposant deux jeunes hommes à un cartel. La règle est qu’il n’y a pas de règle. Les deux dealers de luxe sont prêts à tout pour retrouver leur copine quitte à renier tous leurs idéaux. Cette partie est sans contexte la meilleure du film. Le rythme s’accélère. La narration ne connait plus aucun temps mort. La réalisation des scènes d’action est soignée. Elles sont bien dosées. Il en est de même pour les moments plus tendus comme les scènes de torture ou de négociation. La qualité des acteurs ajoute à tout cela une vraie atmosphère qui fait que le spectateur rentre enfin dans le film. On quitte notre léthargie pour se trouver scotché au fond de notre siège au gré d’une explosion ou d’une fusillade. A ce moment-là, je retrouve l’esprit qui se dégageait de la bande-annonce qui m’avait tant conquis.
Le problème est que le dénouement voit le soufflet retomber. Je ne vous le dévoile pas, rassurez-vous. On suit la scène finale, comme une grosse partie du film, à travers une voix off qui voit O. nous conter l’histoire. Je n’ai vraiment pas compris l’attrait de cet effet scénaristique. Chacun de ses monologues fait sortir le spectateur du film. A cet aspect-là, s’ajoute le sentiment que Stone ne savait pas trop comment terminer sa guerre. C’est vraiment dommage car notre élan est coupé d’un coup sur la fin. Cela fait que je suis sorti de la salle avec un sentiment très mitigé et finalement assez déçu.
Pour conclure, « Savages » rate son début et sa fin. Certes, la partie centrale est réussie mais cela peut-il compenser le reste ? Je trouve finalement le film plutôt raté. Son casting, la qualité de la réalisation, le pitch de départ auraient du donner lieu à un meilleur résultat. Hélas, le scénario est bien trop faible et trop mal équilibré pour offrir un opus de qualité comme je l’attendais. Mais cela n’est pas grave. On ne peut pas voir que des chefs d’œuvre…
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