Saw II
5.3
Saw II

Film de Darren Lynn Bousman (2005)

Attention, spoilers !

Après avoir réinventé un genre totalement dénué d'intérêt, tout en rapportant énormément de pognon, on pouvait s'attendre à une suite rapide. C'est donc un an plus tard, alors que James Wan abandonne la licence aux mains d'un illustre inconnu, que le film déboule.

Le film commence sur le même rythme que le début de son prédécesseur, et utilise même un piège visuellement assez semblable. Un bonhomme se réveille, la tête pris en étau dans un mécanisme rappelant fortement la bonne vieille vierge de Nuremberg. Pour s'échapper, il lui faut une clef. Il sera sûrement heureux d'apprendre qu'elle se trouve juste derrière son oeil. Donc ça commence assez fort niveau brutalité, seulement ça suffit aussi pour un constat qui restera le même jusqu'à la la fin : le film est réalisé par un incapable. La situation est bas du bulbe, certes, mais assez efficace pour foutre le spectateur dans une position très inconfortable. Seulement, on est assiégé par des effets sans aucun... effets. En tout cas aucun qui saurait rentrer dans le jeu. Chaque mouvement de caméra est accéléré puis souligné par un bruitage bien gras genre "oula ça met mal à l'aise dis donc, hein c'est vrai ?". Ca balise le ressenti au point d'en être totalement inoffensif, juste pénible pour les yeux et les oreilles.

Une fois ce triste constat fait au bout de cinq minutes, on se dit qu'il ne reste plus qu'à espérer que le film propose sa dose de méchanceté, un scénario valable et un bon twist. Qui dit suite, dit bigger, ça a toujours été comme ça et ça le restera quand on n'a aucune visibilité sur le devenir d'une licence. Alors, on passe d'une simple pièce, d'une claustrophobie certaine et surtout d'un piège étiré et, donc, bien cruel, à une maison entière. Les personnages passent de deux à 6 victimes sur pattes. Qu'ils soient de la chair à canon, bien. Mais qu'ils soient insupportables, c'est autre chose. On pense surtout au mexicain bodybuildé, qui endosse le rôle du pétage de boulon face à une situation extrême. Ce n'est pas tout d'avoir des stéréotypes, encore faut-il les rendre assez proche de la crédibilité par rapport au ton du film. Ici, on se retrouve avec une sorte de Nicholson dans Shining, alors qu'on est en droit d'attendre une envie générale de se sortir d'un beau merdier. Tout du long, on a envie qu'il se prenne quelque chose de bien acéré dans la tronche, mais il n'en est rien et on devra le supporter jusqu'à une délivrance tout bonnement ridicule.

Car voilà, encore une fois, une grosse déception : les pièges. graphiques certes, mais dans l'ensemble très peu original et surtout pas du tout jusqu'au-boutiste. Comme la pimbêche qui se retrouve les mains enfermées dans un carré de verre et dont on ne verra ni la mort, ni ce qui fait la force des meilleurs coups tordus : la possibilité d'évasion. Alors oui, ça charcle, mais au final c'est très vain donc franchement emmerdant. Et ce n'est pas en truffant le film de référence, comme le meurtre calqué sur le Opéra de Argento, ou encore le Jigsaw qui lâche un "oui c'est là, la dernière maison sur la gauche" avec la tronche typique de l'acteur conscient de faire un clin d'oeil, qui va changer quelque chose.

Le Jigsaw, justement. Il ne reste plus que lui, et donc son plan que l'on espère machiavélique pour sauver ce qui ressemble de plus en plus à un beau ratage. L'histoire, comme on pouvait s'y attendre, tient sur un mouchoir de poche. Un flic au passé trouble fait partie d'une unité qui retrouve Jigsaw. Sur les moniteurs que le psycho a préparé, il voit les personnes destinées à son jeu sadique, enfermés dans une pièce. Parmi eux, son fils. Classique, et un minimum efficace. Seulement voilà, là où on attend le film au tournant c'est le pourquoi. Pourquoi ces personnes, quel est leur point commun ? C'est ce qui peut éveiller un certain intérêt tout du long. Malheureusement, la solution est d'une évidence peu commune. Un flic père, son passé trouble genre ripoux, que des personnages emprisonnés : on a très vite la solution entre les mains. Alors, quand vient le moment de dévoiler ce que tout le monde sait déjà, on est bien gêné aux entournures. Comme ça vient un quart d'heure avant la fin, on se dit qu'il nous reste un bouquet final. Malheureusement, encore une fois ça tient plus de la V2 en plein fail. Prévisible comme pas permis, et surtout filmé et monté par un mauvais, à grand renfort d'une musique minable genre "ouah, ce que je te donne c'est trop surprenant t'as vu ?". Ce qu'on a vu c'est surtout un énième exemple de suite ratée...
Bavaria
2
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le 14 juil. 2011

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5

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