Avant de commencer cette critique, j'ai l'impression de n'avoir rien à dire sur ce film. Sûrement parce que le film lui-même ne dit rien ( de bien intéressant ). Visuellement assez maîtrisée, l'oeuvre souffre d'une absence de scénario qui certes - au vu du synopsis - n'a pas pour ambition de raconter l'histoire la plus originale du monde, mais qui est gênante lorsque l'on constate la platitude des personnages. L'idée est assez belle : vaincre les ex d'une petite amie potentielle et, en quelque sorte, les surpasser et prétendre à leur succession. Mais tout n'est que gratuité ici, et l'énergie folle perceptible à quelques moments du film est noyée sous le déluge d'effets inutiles qui masquent la vacuité du propos et la fadeur des personnages. En soit, les stéréotypes au cinéma ne sont pas un défaut s'ils sont détournés ou alimentés par une psychologie ou des dialogues efficaces. Mais dans S.Pilgrim, les personnages ne dépassent pas le cliché qu'ils représentent, et, pire, sont inexistants aussi parce que les liens entre eux ne valent rien. Ce qui prévaut, c'est l'effet, la surenchère, et on a l'impression que Wright veut en mettre plein la vue en ne s'embarrassant guère du sort des protagonistes. Le film contient quelques bonnes idées de cinéma, mais la répétitivité d'une mise en scène trop survoltée pour être honnête ( dans la mesure où tout devient trop mécanique et manque cruellement d'âme ) finit par agacer. Le film donne l'impression d'être un joli flacon d'où l'ivresse serait absente. Dès lors, l'histoire d'amour passe au quatrième plan. C'est peut-être ce que le film vise fondamentalement au vu d'un héritage jeux vidéos assumé. C'est justement ce que l'on peut regretter : que l'imaginaire geek ne cherche pas la profondeur ni l'audace, qu'il se complaise dans un état régressif et ne cherche pas à importer un minimum de maturité dans ce monde puéril. Et surtout, que le film décrive l'univers du jeu vidéo comme rien d'autre que ce pour quoi il peut être critiqué par ceux qui n'y connaissent pas grand-chose. En résumé, il donne un peu le bâton pour se faire battre. Que retenir au final ? Au milieu de la déception suscitée par le film, il y a quelqu'un qui capte l'attention. Ça n'est pas Michael Cera, qui commence déjà à tourner en rond dans le registre de l'égarement, ni Mary-Elisabeth Winstead, qui a le malheur de ne pas être filmée par Quentin Tarantino et dont les fantaisies capillaires n'atteignent pas celles de la Kate Winslet d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Ici, celle qui crève l'écran avec un temps d'apparition pourtant restreint, c'est Alison Pill, parfaite dans le je m'en-foutisme et un certain mal-être adolescent qui disent tout de personnages pas à leur place face à la réalité du monde. Au milieu de l'effusion d'effets spéciaux et d'images virtuelles d'un univers technologique vite lassant, il y a donc cette ravissante actrice qui apporte un peu d'humanité au film. Mais c'est une goutte d'eau dans l'océan d'ennui qu'est le film, qui privilégie la forme au fond sous le prétexte trompeur d'être un film de son époque
Pirate-du-93
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le 13 févr. 2014

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Zac Hary

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