L'addiction au sexe, ou le syndrome du chromosome Y...

Depuis les ébats extra conjugaux over-médiatisés de Tiger Woods, l'addiction au sexe est devenu un phénomène de société très à la mode, et une excuse parfaite pour les pervers pour expliquer que, si leur regard dérive de trente centimètres vers le sud de vos yeux, mesdames, c'est parce qu'ils sont malades. Ils n'y peuvent rien.

C'est donc de cette "maladie" en vogue que McQueen s'empare pour nous conter les déboires de Brandon, un jeune homme bien sous tous rapports mais ayant un besoin compulsif de branlettes frénétiques, de coïts d'un soir et de pornographie déviante. La venue de sa sœur, accroc à un autre genre de trip, va bouleverser pour un temps cette existence bien organisée.

On le sait depuis Hunger, McQueen est un cinéaste, un vrai. Du genre qui fait confiance à la qualité visuelle de sa composition de plan, et préfère étirer chaque scène jusqu'au point de rupture plutôt que de se risquer à un sur découpage. C'est le cas ici, les seuls passages bénéficiant d'un montage saccadés étant les scènes de sexe qu'il filme sans vraiment y toucher, de façon charnelle et frontale.

La froideur qui ressort du film, son esthétique glaçante et aseptisée à l'image de son personnage, cachant sous des extérieurs froid ses démons intérieurs, ne plairont pas à tout le monde. Il faut avoir le courage, l'envie aussi, de se laisser happer dans ce monde glauque à souhait, à travers la vie d'un homme perdu. Les décors sont gris, ouverts sur des extérieurs à l'horizon bouchés, les miroirs renvoient Brandon à sa solitude, les lignes droites s'opposent aux courbes délicates de ses compagnes d'un soir. C'est beau et sordide à la fois.

Dans ce rôle de trentenaire décomplexé, Fassbender excelle, mais de cela on a assez parlé. Il vampirise chaque plan, ne laissant que des miettes à ses partenaires. Parmi eux, Carey Mulligan, la sœur de Brandon, l'oméga de son alpha, fraiche et délurée, mais qui cache derrière une sensibilité à fleur de peau les mêmes traumatismes que son frère.

Shame est une expérience à part, du genre qui fascine et dérange à la fois, une plongée dans ce que l'âme humaine possède de plus déviant, de plus amoral.A ne pas mettre entre toutes les mains...

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le 20 déc. 2011

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Hyunkel

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