Sur le papier, l’idée est formidable ; dans mes souvenirs, le film une remarquable réussite. A le redécouvrir quelques années plus tard, mon jugement est bien plus mesuré. Si l’atmosphère du Londres victorien est bien rendue avec ses ruelles sombres et embrumées, ses pubs aux fréquentations discutables et ses bas-fonds misérables, on est cependant loin des reconstitutions baroques et oniriques de la Hammer (dont ce film est contemporain) qui apportent une incontestable plus-value à ces productions.
Le personnage de Sherlock Holmes est ici fidèle au héros de Conan Doyle mais sa présentation est sans cesse pachydermique : reprises incessantes de ses tics de langage, abus de son esprit de déduction et enfilade de clichés autour de sa personnalité en font, à l’image du docteur Watson, un Sherlock Holmes trop caricatural pour être totalement convaincant. Surtout, John Neville l’incarne avec une telle fadeur qu’il est difficile d’être totalement conquis par sa façon si unique de mener les enquêtes. Du coup, le cheminement de Holmes semble suivre une route convenue qui chasse le mystère tant attendu. Un mystère d’autant plus difficile à entretenir que les motivations de Jack l’Éventreur manquent clairement de profondeur.
Le résultat est loin d’être mauvais mais le sujet en or, sous-exploité, apparaît donc décevant. Le postulat constitue en lui-même un point fort évident et un soin particulier a été apporté à l’ambiance générale et à la vraisemblance d’une rencontre potentielle entre le fameux tueur en série et l’univers de Conan Doyle. Par ailleurs, les assassinats sont plutôt bien mis en scène. On aurait cependant aimé davantage de finesse dans l’approche psychologique des différents personnages, une intrigue plus forte et une réalisation plus riche et dynamique. J’aurais ainsi adoré voir un tel projet financé par la Hammer, réalisé par Terence Fischer et interprété par Peter Cushing.