Autant le préciser en guise de préambule : je n'ai pas lu le livre de Dennis Lehane. Shutter Island était donc pour moi une surprise à part entière, n'ayant vu que la bande annonce diffusée en salles.

Dès les premières scènes et l'arrivée des deux marshals sur Shutter Island Martin Scorsese rappelle aux spectateurs qu'il est un des plus grands réalisateurs du monde. Casting en béton, décors soignés, lumières travaillés, bon choix de plans. Tout est fait pour bien nous accueillir au coeur de cet asile de fou.
Seule la musique, surtout au début, sera un peu trop lourde, un peu trop pompeuse. Et vous n'aurez sans doute aucun mal à remarquer quelques faux raccords malheureux.

Une fois ce décor-là planté, Martin Scorsese conduit Leonardo di Caprio -brillant acteur- au coeur d'une enquête ... de fous. Le terme est à prendre dans tous les sens possibles tant on croisera des seconds rôles torturés, des « gueules de cinéma » comme Jackie Earle Haley, le Rorschach de Watchmen, méconnaissable, et d'autres personnages manifestement tous barjos. Mais il s'agit aussi d'une histoire de fous tant nos neurones vont être mis à rude épreuve.

Le film, doucement, presque sournoisement va nous faire nous poser les mêmes questions que le personnage de Di Caprio. Pourquoi tant de mensonges ? D'énigmes ? Un complot ? Qui sont ces gens ? Habilement, Martin Scorsese lâche la main du spectateur pour mieux le manipuler. Guidés au départ une enquête semblant facile, on se retrouve pris dans la tourmente.
Mais pas seulement.
Thriller oblige, le réalisateur cherche à nous faire peur, ou du moins à nous inquiéter. Mais pas question de faire surgir un clown d'une boite. Ici, la peur est incidieuse. Au fur et à mesure que l'enquête de Teddy Daniels avance, un frisson nous envahit, une goutte de sueur coule sur notre colonne vertébrale. Peut-être prendrez-vous votre manteau pour vous en couvrir ?

Dans tous les cas, Scorsese réussit à instaurer une ambiance... et à manipuler le spectateur pour mieux le perdre, lui donnant quelques malheureux indices (comme ces fameux faux raccords dont je me demande encore s'ils ne sont pas volontaires) jusqu'à un incroyable dénouement final. Et il offre un grand film, frôlant la perfection cinématographique.

Vous ne sortirez pas indemne de Shutter Island, on ne réchappe pas de l'asile de Max Von Sydow et Ben Kingsley si facilement.
Une fois sorti de la salle de cinéma, vous vous rendrez compte que les lumières de la ville appartiennent encore un peu à Shutter Island.
cloneweb
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le 15 mars 2010

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