Apocalypse Ñow
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Denis Villeneuve s'attaque ici à donner une version réaliste et passionnée de la lutte contre les cartels de drogues dans les environs de la frontières mexicaine, par le regard d'une idéaliste membre du FBI. Après une opération qui tourne au fiasco (macabre découverte assez intelligemment mise en scène), une promotion lui est offerte dans un département des narcotiques de la CIA, sous la direction assez vague d'un "expert" qui ne donne jamais ses titres ou son autorité. Cette promotion est l'occasion pour nous de plonger directement dans le monde de la lutte contre la drogue, et de découvrir les différents moyens utilisés par le gouvernement américain pour gagner la lutte.
Si le film ne peut pas prétendre adapter une histoire réelle, la réalité dans laquelle il s'inscrit arrive très bien à brouiller la frontière et à développer des enjeux cohérents et en résonance avec la vision qu'on peut avoir des interventions armées modernes (souvent hélas, avec un train de retard dans l'actualité). Le trouble législatif est constamment présent au cours des opérations, essentiellement sur les questions de juridiction et les règles variables d'engagement, mouvante selon le cadre de manœuvre (le "n'engagez que si ils engagent en premier" plus ou moins respecté). Ainsi, les deux camps présentés utilisent des tactiques à différents degrés de barbarie (les trafiquants tuent pour intimider et s'entretuent par manque d'organisation, les USA utilisent des techniques moins frontales en laissant au maximum leurs adversaires faire le sale boulot (financement de la concurrence, organisation de luttes intestines...)). Dans cette logique d'affrontement indirecte, le trouble et le chaos sécuritaire (une partie des affrontements ont lieu en lieu public) rendent toute application de procédure impossible. Ainsi, si on est évidemment proche du point de vue de la protagoniste, difficile de trouver des solutions efficaces en dehors de ce retour des cow boys de la CIA qui, à coup d'interventions bien appuyées, démantèlent des réseaux à grande vitesse en déboulonnant les principaux membres de pouvoir. Au final, il n'y a plus de principe, juste cette lutte des intérêts et l'efficacité des moyens mis à disposition (le crime organisé étant un mal tenace qui se restructure sur tous les restes subsistant). Le film passe donc par diverses nuances de gris idéologiques, en conservant un suspense très efficace au cours des interventions, et une photographie réaliste bien travaillée. Une facture technique convaincante (la musique très méchante question ambiance), quelques jolis plans et une perte de repères, c'était une formule efficace qui assure à nouveau à Villeneuve un nouveau succès, malgré son accueil timide (traversant le box office entre un deehpan peu fréquenté (unique spectateur dans la salle lors du visionnage) et un No escape pas irréprochable).
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Créée
le 2 janv. 2016
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