Sidonie Perceval est attendue à Osaka pour la ressortie de son premier livre racontant l’accident qui emporta ses parents. Ce voyage, l’autrice française préférerait l’éviter.
Dans le pays du Soleil levant, la grue symbolise la longévité et le bonheur. Sa migration signifie aussi le retour de l’âme des chers disparus. Cet oiseau qui marqua les souvenirs de l’héroïne enfant orne les panneaux du générique. Dans l’archipel, Sidonie ne rencontre pas seulement pour la première fois son éditeur, Kenzo Mizoguchi, mais aussi le fantôme de son époux Antoine, décédé il y a plusieurs années. Stupeur et tremblement.
Dès son arrivée, Sidonie se perd dans la traduction. Les courbettes maladroites de cette entrée en matière sont autant d’éléments comiques usés. L’émergence du fantastique, malgré le rudimentaire de ses effets, transporte heureusement le récit vers un ailleurs plus convaincant. Un deuil mélancolique s’infuse. La blancheur quasi spectrale d’Isabelle Huppert sied au personnage qui, vidée de ses envies et sentiments, n’écrit plus. Les aéroports, trains ou rues dans lesquels elle erre, lieux habituellement gonflés de touristes ou citoyens pressés, sont aujourd’hui exsangues. Au-delà des clichés japonais traditionnels, Kyoto, Nara, et Naoshima lui offrent leurs temples, cimetières et musées, sanctuaires hantés où puiser un nouveau souffle. Il faut accepter l’injustice d’être encore là, oser frôler la main, accepter les bras et la bouche de l’autre pour enfin le reconnaître. La belle scène d’amour proposée se contentera d’un enchaînement de plans fixes, photographies pudiques de l’intime. Si les morts sont présents tout autour de nous, c’est pour nous réapprendre à vivre.
(6.5/10)
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