Un film à fleur de peau. Sensible, cruel, et tellement juste. Le rite d’initiation commence par une tondeuse : un père rase son petit garçon. Mais d’entrée de jeu les tatouages du père intriguent, les corps auront une place importante dans cette histoire.
On a là une Amérique d'aujourd'hui. Pas toute l'Amérique, non, sûrement pas, mais un bout d'Amérique qui se lâche plus depuis que Donald Trump est au pouvoir, depuis qu'un président entre autres raciste se trouve à la maison blanche, on le bien voit à la multiplication des actes racistes. Un film tristement d’actualité, donc, et engagé, qui insiste sur le fait, s’il en était besoin, que l’Amérique renoue encore trop souvent avec les fantôme d’un passé qui n’est pas vraiment passé.
Ce court-métrage a d’ailleurs été primé aux oscars 2019, choix politique important d’Hollywood dans l’Amérique de Trump, dans l’Amérique de Charlottesville. On s’en doutait, huit années de mandat d’Obama n’ont rien changé, une partie des blancs continue de se construire dans une détestation du noir. Le film décrit et dénonce cela, le retour de balancier est cruel.
Mais ce n’est pas qu’un film engagé de plus sur la question, c’est aussi une œuvre maîtrisée, basée sur un scénario solide, des références (j’ai notamment pensé à un final inversé d’un film célèbre de Romero que je n’indique pas pour ne pas vous dévoiler l’issue du film), et une réalisation efficace. Le film est bigrement bien construit, on pénètre en effet dans le quotidien d'une famille à partir d'une scène qui peut sembler anodine mais ne l'est pas : un père tond son fils avec amour, ça a l'air cool. Sauf qu'il est tatoué de partout, et que ce qu'on peut y voir inquiète d'emblée, le symbole de la SS fait froid dans le dos. Puis on part en virée avec des potes, et là, malgré la mère, ça commence à dégénérer, il y a des armes à feu, et manifestement le petit a été initié par son père...
Le film, excellent, peut être vu ici, en VO : https://www.youtube.com/watch?v=Qz8QbeJVmNs
Peaux blanches, masques noirs…