[Attention, cette chronique contient des spoilers]
Les années 90, époque bénie où les séries B d’action avec Gary Daniels, Brandon Lee et autres Dolph Lundgren déboulaient chez nous par wagon directement en vidéo et faisaient la joie des nombreux vidéoclubs de toutes les villes de France et de Navarre. Mais avec l’avènement d’Internet et tout ce que cela a engendré dans les années 2000, comme par exemple le piratage massif, ces vidéoclubs n’eurent d’autres choix que de mettre la clé sous la porte, limitant par la même occasion le nombre de sorties de ces films que certains qualifient de « seconde zone ». Les éditeurs étant de plus en plus frileux dès qu’il s’agit de sortir un film, même en DTV, si le casting n’est plus bankable ou sent le réchauffé à plein nez. Et c’est très dommage car certaines de ces petites productions valent clairement le coup d’œil et les amateurs d’action ne demandent qu’à les découvrir. C’est le cas de Skin Trade, inédit par chez nous à l’heure où j’écris ces lignes qui du haut de ses 9M$ de budget arrive à être bien plus réussi que bon nombre de bobines d’action hollywoodiennes totalement indigestes qu’on nous sert tous les mois.


Ecrit et produit par Dolph Lundgren qui interprète également le rôle principal, Skin Trade réussit là où bon nombre de productions du même genre se plantent allègrement. Ca ne cherche à aucun moment à quitter son statut de série B et le film s’assume complètement en tant que divertissement bourrin, sans jamais tomber dans la mièvrerie, sans histoire d’amour à deux balles. Non, on est ici dans de la bonne vieille série B d’action badass, pour ceux qui en ont dans le slibard, qui aborde malgré tout un sujet extrêmement sérieux, celui de la traite d’humains, et plus particulièrement de femmes et d’enfants, pour la prostitution. Et chose assez étonnante, le sujet est réellement bien mis en avant. Pas de trucs larmoyants, pas de trucs moralisateurs à outrance, mais à l’inverse un traitement d’une grande justesse. Il faut dire que cela tient à cœur à Dolph Lundgren étant donné qu’il est lui-même à la tête d’une fondation qui œuvre contre ce genre de pratiques.
Mais Skin Trade a tout de même ses petits défauts et ne déroge par exemple pas aux travers habituels de ce genre de productions, notamment au niveau de son scénario et de ses personnages très classiques. On retrouve donc le policier qui va faire justice lui-même, le collègue qui va s’avérer être un traitre, le perso mort mais qui en fait n’est pas mort ou encore les ennemis qui vont finir par lutter ensemble pour la bonne cause. Un scénario malgré tout très bien emballé par le réalisateur thaïlandais Ekachai Uekrongtham (The Beautiful Boxer) qui nous pond ici une mise en scène solide, carrée, couplée à une très belle photographie. Limite une série B « de luxe » !


Qui dit série B d’action, dit forcément… action ! Et avec un cast comme celui aligné ici, on était en droit d’attendre quelque chose qui déménage un max. Alors excluons Ron Perlman (Hellboy, Alien 4), aussi classe soit-il en baron de la mafia serbe, et intéressons-nous au trio qui va se castagner la gueule dans la joie et la bonne humeur. Car oui, on est quand même là pour ça au départ. Et après une petite demi-heure de mise en place du film, l’action démarre réellement et ça ne s’arrête pas une seconde jusqu’au générique final !
Gunfights, combats à mains nues, courses poursuites (moto, camion), il y en a pour tous les gouts. Une fois de plus ce qu’il en ressort, c’est que de manière générale l’ensemble est relativement soigné, avec des chorégraphies qui en jettent pas mal dans un style très réaliste, et surtout un montage réussi rendant l’action très lisible en toute circonstance, et ce même lors des scènes de nuit. Deux affrontements ressortent du lot, tous deux impliquant Tony Jaa, une fois contre Dolph Lundgren, et une autre contre Michael Jai White. Ce dernier a beau avoir une carrure imposante, il reste d’une grande rapidité et souplesse. Quant à Dolph, encore physiquement en bon état du haut de ses 57 ans, il compense son manque d’agilité par une puissance dans les coups là où Tony Jaa est bien plus aérien, virevoltant et acrobate.


Alors oui, dans son genre, Skin Trade est un bon petit film. Efficace, il ne pète jamais plus haut que son cul et c’est sans doute une de ses grandes qualités. La fin ouverte laisse entrevoir une suite, espérons qu’elle sorte un jour et qu’elle soit du même acabit que ce très chouette divertissement.


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cherycok
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le 30 avr. 2015

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