Snowpiercer est un film qu'il ne faut pas rater. Un avis tranché qui arrivera peut-être un peu tard mais il fallait le souligner (Nota: Je viens de lire que c'est l'un des meilleurs scores en France juste derrière Thor 2; ça fait plaisir). L'histoire : ce qui reste de l'humanité s'est réfugié dans un gigantesque train qui tourne autour de la terre sans jamais s'arrêter. Les classes les plus aisées vivent à l'avant du train, les pauvres à l'arrière. Entre les deux un monde. Un groupe de défavorisés mené par un homme décide de remonter le train pour destituer le pouvoir en place. Et tout se complique…
Nouveau film de Bong Joon Hoo, réalisateur émérite de The Host, Mother et Memories of murder, Snowpiercer est un film de science fiction dystopique; une utopie qui a mal tourné. Un film qui en évoquant le futur parle du présent. On découvrira tout au long du film le système social et politique du train et certaines idées sont remarquables. L'univers plutôt cohérent nous pousse du coup à aller chercher un peu plus loin parfois au détriment du film; qui passe assez vite sur des logiques de vie étranges au sein du train. Mais il reste une porte ouverte sur notre imagination. Si Bong Joon Ho travaille le design et l'aspect visuel, il privilégie avant tout son histoire et l'action.
D'ailleurs le transperceneige rentre assez rapidement dans le vif du sujet et expose cette société sans avenir en quelques traits et personnages bien dessinés.Tilda Swinton, Chris Evans, Song Kang-ho et Jamie Bell sont particulièrement convaincants dans leurs rôles. Il nous place d'emblée du côté du peuple, qui réside dans la queue du train. Mais tout au long de l'histoire, la simplicité apparente du discours va se diluer dans des problématiques plus larges telles que quel sacrifice; que sommes-nous prêt à assumer, les motivations qui poussent certains à devenir des meneurs. Qu'est-ce qui inspire les révolutions.
Nous remontons peu à peu les wagons pour découvrir d'abord l'ignominie qui permet à cette micro société de tenir, mais à la moitié du film. Quand le pouvoir envoie une police pour mater la rébellion et que finalement les choses prennent une tournure vraiment sérieuse pour les rebelles à travers une scène d'action tétanisante; tout n'est plus aussi simple. Les motivations de chacun éclatent plus clairement et on apprend petit à petit que les instigateurs d'une rébellion ne sont pas forcément ceux auxquels on pense. L'histoire allie avec brio l'action et la réflexion et termine l'oeuvre sur un vrai final apocalyptique et une image de fin en demi-teinte. Snowpiercer renvoie dans ses meilleurs moments au film de Terry Gilliam : Brazil. L'univers futuriste original, la rébellion, le thème de l'aliénation mentale et la manipulation des masses. Ils ont en commun la même noirceur dans le propos. Mais Bong Joon Ho semble un peu plus inquiet encore sur la nature humaine.
Le design visuel de même que la mise en scène joue parfaitement de l'exiguïté des décors; certaines idées sont plutôt intéressantes (tel que la scène de l'école, la nourriture des pauvres, l'aquarium, les compartiments privés de luxe) . Le seul gros inconvénient du film qui permettrait de croire complètement à ce train de la dernière chance c'est l'incapacité du réalisateur de nous faire ressentir la longueur démesurée du train. Cela a pour conséquence de parfois nous faire sortir de l'histoire : on se demande ou habite les gens, d'ou vient la nourriture… Finalement cela se dissipe assez facilement face à la justesse du propos. Il n'est pas complètement étonnant que Bong Joon Ho est choisi cette histoire et on peut certainement y voir probablement une façon de parler de son pays encore une fois.

C'est intéressant de noter que le train, symbole de progrès technique, de révolution industrielle est ici la phase terminale de l'humanité. Le progrès tel qu'il est vécu dans cette société ne va plus nulle part, il est ce qui enferme désormais l'humanité dans une fuite en avant sans but. Le train est une arche de Noé futuriste, il évolue dans un monde dévasté avec le maigre espoir que celui finira par se réparer. Son seul but : que l'humanité survive envers et contre tout. La société tourne en rond. Snowpiercer réunit les qualités qui me font aimer les bons films de genres : un sens du spectaculaire et du discours visuel allié à un propos touchant et humain sans jamais être moralisateur.

Un film à voir de toutes façons
Coyot
8
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le 27 août 2014

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Coyot

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