Solus
6.6
Solus

Court-métrage d'animation de Robin Bersot, Camille Dellerie, Mickaël Larue et Thomas Rodriguez (2012)

Ha les films d'animation en images numériques, ça devient vite très moche si on n'a pas le budget ni la grosse équipe qui suit...


En effet, on sent bien que c'est un peu cheap et ce même si il est possible de faire des choses 'correctes' chez soi. J'ai trouvé tout cet univers trop froid, rien ne bouge, tout est métallique. Il y a bien quelques effets de textures, des trucs mous... mais même quand un personnage touche quelque chose on n'y croit pas, on a l'impression qu'il s'arrête un millimètre au-dessus, même quand la surface adopte la forme de ce qui repose dessus.


Le scénario est un peu faiblard. Cela fonctionne plus ou moins, ça se tient, mais on aurait voulu que ça aille plus loin, que les dialogues soient plus longs, plus nombreux ; au lieu de ça, on va à l'essentiel. Au début, j'ai trouvé ça incohérent, mais une fois qu'on a le fin mot de l'histoire, on peut justifier pourquoi c'était aussi expéditif (même si je ne suis pas sûr que ce soit la vraie raison). Les personnages auraient gagné à être un peu plus creusés, caractérisés, ça aurait permis une identification plus efficace pour le spectateur. Jouer un peu plus avec cette confrontation, mais aussi avec ce déni. De plus, on devine assez vite le fin mot de l'histoire, il est donc dommage d'avoir joué la carte du suspense plutôt que de l'ironie dramatique (et là, on aurait alors pu plus facilement étirer les dialogues).


Niveau mise en scène, il y a quelques bonnes idées, notamment au niveau de la lumière, des plans choisis (qui permettent en plus de camoufler l'extérieur avant qu'on ne sorte de la maison). Malheureusement, le découpage n'est pas toujours réussi. Par exemple lorsque le gosse regarde différents éléments de la pièce, on a du mal à se situer, sans parler de la saute d'axe qui suit par après. Il y a des plans parfois trop courts, trop abrupts (quand le pépé découvre à nouveau le corps allongé). Et puis il y a tous ces mouvements de caméra qui sont bien trop numériques. La caméra bouge trop parfaitement : le mouvement est précis, constant et lorsqu'il s'arrête c'est brutal. Il aurait fallu adoucir tout cela, introduire un changement de vitesse plus lent dans les mouvements. De plus, certains mouvements sont juste inutiles (on ne peut pas faire un zoom ou un dé-zoom chaque fois qu'un personnage parle, ça fait perdre son effet à cette technique, car elle ne paraît plus nécessaire) et parasitent l'histoire.


Les personnages, enfin, sont assez moches, et les voix assez plates. Je n'ai pas trouvé de lien entre le langage corporel et le ton de la voix : c'est comme si j'avais regardé le doublage français d'un film américain (souvent cette discordance entre ce que l'on voit et ce que l'on entend).


Bref, "Solus" n'est pas inintéressant, mais dans le traitement, on trouve des faiblesses qui gâchent le concept. C'est dommage, car pour une fois, on a là un court-métrage assez simple ; seulement, traiter d'un drame en si peu de temps, c'est souvent casse-gueule (en plus il n'y a pas vraiment d'objectif principal, du coup arrivé à la première minute, qui représente un cinquième du film, on se demande de quoi ça va parler vu le peu de temps qui reste).

Fatpooper
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le 11 avr. 2016

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