Conquis par Lost in Translation et Virgin Suicide, Sophia Coppola est devenue une de mes réalisatrices préférées. J’aime sa manière de représenter la vie courante de ses personnages à l’écran de manière brute. Ma curiosité m’a par conséquent poussé à parcourir sa filmographie avec cette oeuvre.


Somewhere dépeint le quotidien ennuyeux d’un acteur américain mondialement populaire, durant une période de promotion d’un de ses films. Moment paisible sans tournage ou travail sur un scénario, Johnny Marco vit de débauche, d’aventures sexuelles sans lendemain, de jeux de séduction et subit sans broncher la colère de ses anciennes conquêtes partout où il va. Beaucoup de solitude, peu voire pas d’amis ou de sourires, son existence est vide de sens. Peu cultivé et instruit, il ne réussit que grâce à son physique et profite de sa richesse.


L’arrivée de sa fille de 11 ans, Cléo, bouleverse un peu ses habitudes. Séparé de la mère, Johnny est un père absent et ne connait rien de la vie de sa fille. Il n’a jamais été présent pour son éducation, les responsabilités parentales, les crises familiales, … L’abandon temporaire de Cléo par sa mère est vue comme une trahison, un caprice égoïste. Mais n’avait-il pas fait de même pendant 11 ans ?
La touchante complicité de Cléo et Johnny se nourrit de jeux vidéo, d’activités et de passe temps. Les moments qu’il passe avec elle semble être les plus agréables, qu’il arrive à tout gâcher en cherchant une femme quand elle dort : Cléo est parfois son juge et son approbatrice.


Le film retranscrit bien la lassitude et l’ennui des journées de Johnny, ainsi que la gaieté et la tendresse des instants passées avec Cléo. Sans artifice cinématographique, sans musique, ces séquences se réduisent à leur plus simple expression : le silence, les pauses, les plans fixes. Sophia Coppola réussirait donc son objectif, à savoir communiquer au spectateur le ressenti du personnage. Mais a-t-on réellement envie de s’ennuyer avec le héros quand on regarde un film ? Durant le visionnage, j’ai plusieurs fois pensé à Drive, autre film à l’action lente et posée. Mais contrairement à l’oeuvre magnifique de Nicolas Winding Refn, Somewhere n’est pas aussi esthétique, son histoire est charmante dans le fond mais la forme ne donne pas envie de le revoir. L’on se croirait presque dans un épisode de la série de documentaires Strip Tease.


Une expérience à vivre donc, mais pas à revivre.


Critique disponible sur Tumblr.

pamplemoussemk
6
Écrit par

Créée

le 5 févr. 2017

Critique lue 228 fois

1 j'aime

Critique lue 228 fois

1

D'autres avis sur Somewhere

Somewhere
Aurea
6

Sofia Coppola, un art consommé du vide

Comment traiter du vide sidéral d'une vie, comment rendre l'ennui existentiel de quelqu'un qui a tout ou presque : succès, célébrité, argent, sexe, et qui finalement n'a rien, et cette vacuité-là...

le 27 juil. 2011

65 j'aime

25

Somewhere
Socinien
2

Dans la famille Coppola, je demande le père.

Parce que je commence à en avoir assez de me coltiner les films-playlist de sa fille : pas de scénario, pas de dialogues, rien. Juste de la musique d'ascenseur. S'ennuyer devant des gens qui...

le 6 janv. 2011

60 j'aime

26

Somewhere
bilouaustria
6

"Less than zero"

La drogue en moins, "Somewhere" pourrait être une adaptation assez fidèle du célèbre premier roman de Breat Easton Ellis écrit dans les 80´s, "Less than zero". Los Angeles, du fric partout, des...

le 3 nov. 2010

55 j'aime

17

Du même critique

Somewhere
pamplemoussemk
6

Critique de Somewhere par Pamplemousse Mk2

Conquis par Lost in Translation et Virgin Suicide, Sophia Coppola est devenue une de mes réalisatrices préférées. J’aime sa manière de représenter la vie courante de ses personnages à l’écran de...

le 5 févr. 2017

1 j'aime

Paper Mario
pamplemoussemk
8

Critique de Paper Mario par Pamplemousse Mk2

Découvert un premier temps sur sa console d’origine la N64, sa réédition sur la console virtuelle de la Wii U m’a donné l’occasion de m’y réessayer et de tenter d’en voir enfin le bout de son...

le 18 déc. 2016

1 j'aime

Si tu tends l'oreille
pamplemoussemk
7

De touchants souvenirs pour un adulte

Réalisé en 1995, ce long métrage du réputé Studio Ghibli dépeint le quotidien japonais de deux adolescents en quête d’amour et d’orientation professionnelle. Je le confesse : j’ai découvert ce film...

le 14 août 2016

1 j'aime