La scène d'ouverture commence avec une Ferrari noire circulant sur un circuit dans le désert, le moteur rugissant à chaque tour. Quand la voiture stoppe, Johnny Marco (Stephen Dorff) en sort. Marco est un acteur à succès à Hollywood qui, en dépit de son ascension, n'aime pas ce qu'est devenue sa vie. Johnny réside au Château Marmont et voit débarquer sa fille de 11 ans, Cleo (Elle Fanning).


Mon opinion sur ce film


J'avais intitulé ma chronique du film mexicain Lake Tahoe « Un film d’un ennui mortel ». Si ce n'en est pas à ce point avec Somewhere, j'aurais presque pu reprendre la même formule pour ce film de Sofia Coppola.


Ca commence très mal. Pendant tout le générique, une voiture noire (une Ferrari) tourne inlassablement en rond en faisant vrombir son moteur dans une prairie calcinée « quelque part » en Californie. Le conducteur est un certain Johnny Marco, un acteur hollywoodien. Il sort de la voiture, une bouteille de bière à la main.


On nous annonce enfin le titre "Somewhere" (quelque part) sur une musique qui s'entend à peine tant les vrombissements exacerbés du moteur la submergent).


Puis on retrouve Johnny dans sa chambre de l'Hôtel « Château Marmont », un hôtel mythique situé sur Sunset Boulevard à Los Angeles, qui a vu défiler, depuis sa fondation en 1929, un nombre incalculable de célébrités plus ou moins déjantées dont certaines y sont même morts. L'hôtel, qui fut luxueux à l'époque de sa création, semble avoir assez mal vieilli et être devenu une sorte de «pension de famille de luxe» pour milliardaires « has been » avec son côté kitsch et passablement vieillot.


Johnny, shooté à la bière et à dieu sait quoi d'autre, s'endort devant le spectacle plutôt ennuyeux de deux call-girls jumelles qui se trémoussent le long de barres de pole-dancing. Et cela continue sur le même rythme, entre fiestas entre copains-sangsues et trips arrosés à l'alcool et aux pilules jusqu’à l'arrivée impromptue de Cleo, sa fille de 11 ans, larguée par sa mère « qui a besoin de prendre du champ ». La gamine est adorable et adule son père qui le lui rend bien. Pour Johnny, son arrivée est un rayon de soleil dans un univers d'ennui, de beuveries et d'auto destruction. Le père et la fille passent ensemble quelques jours merveilleux mais, dès qu'il l'aura conduite dans sa colo, il retombera dans sa routine mortifère.


Le film a obtenu le Lion d'or à la Mostra de Venise 2010. J'ai lu quelque part, sous la plume acérée d'un critique (mais j'aurais pu écrire la même chose), que ce film méritait bien un « lit on dort » tant il est soporifique.


On comprend bien le propos de Sofia Coppola : décrire l'ennui et le désœuvrement des stars, la vacuité du monde du show-business, qu'elle connaît sans doute mieux que quiconque pour, en tant que fille de réalisateur nourrie dès le biberon au lait du cinéma. Mais, franchement, est-il besoin de 98 minutes, qui paraissent interminablement longues, pour défendre un propos que l'on a saisi dès les premières images ?


Je ne sais pas quels étaient les autres films en compétition à Venise en 2010 mais on ne m'enlèvera pas de l'idée que si ce film n'avait pas été signé Sofia Coppola, il n'aurait même pas obtenu une médaille en chocolat.


On ne retiendra de ce film que la fraîcheur et les yeux de porcelaine d'Elle Fanning, que j'avais découverte dans la passionnante série de science-fiction, Taken (2002).


Je n'ai aimé aucun des films de Sofia Coppola, que ce soit Virgin suicides, Lost in translation ou même Marie-Antoinette que je me suis forcé à regarder jusqu'au bout. Mais j'ai vraiment détesté celui-là et j'ai dû m'accrocher des deux mains à mon siège pour ne pas quitter le cinéma avant la fin.

Créée

le 26 mai 2019

Critique lue 105 fois

Roland Comte

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