Le succès toujours renouvelé de Robinson Crusoé de Daniel Defoe ne se dément pas et alimente toujours nos imaginaires. Se retrouver seul, loin de tout et de tous, en ne l'ayant pas choisi et sans autre perpective d'une issue heureuse que celle offerte par le destin ou le hasard n'a strictement rien à voir avec le naufragé volontaire qui choisit l' enfermement dans un gouffre ou l'immersion dans l'inconnu pour s'observer et se confronter à lui-même.
Ben et Laura n'ont pas fait naufrage mais se retrouvent sur une île inhospitalière à deux pas du continent antarctique, loin des voies de passage maritime. Ils commencent par se rassurer en espérant que des proches alertés par une balise connectée au GPS vont déclencher des secours. En attendant, ils s'installent tant bien que mal dans une station baleinière à l'abandon, se nourrissant d'algues puis de quelques grillades de manchots peu farouches en un premier temps.
Soudain seuls ne nous fait pas partager les trésors d'ingéniosité d'un Gilles Lellouche habillé en Mac Gyver austral, ni les montagnes de tendresse d'une Mélanie Thierry en Jane amoureuse muette d'admiration devant son Tarzan. Le film raconte les inévitables reproches que se font les membres d'un couple dans les ennuis quand soudain confrontés l'un à l'autre, chacun a envie d'en découdre pour se rassurer. Naufragés à l'occasion d'une croisière, perdus en forêt tropicale ou mal préparés à la confrontation dans les premiers temps d'une retraite de la vie active, peu importe : l'autre peut devenir très vite un enfer.
Ben et Laura ont beaucoup de reproches à se faire, y compris ceux qu'ils avaient pensé avoir soigneusement ensevelis. Quelques bons souvenirs à partager tout de même, ce qui dans un contexte aussi particulier, en l'absence de préservatifs et quand la réserve de contraceptifs oraux est restée sur le voilier parti à la dérive, peut présenter quelques inconvénients.
Tout finira bien dans le meilleur des mondes, car de l'autre côté de l'île nos naufragés vont pouvoir se réfugier dans une station météorologique dotée d'un groupe électrogène, d'une bonne réserve de carburant, de conserves et de paquets de spaghetti à foison. Ce qui est tout de même plus agréable pour attendre la navette qui fait de cabotage de site météorologique en station scientifique.