Le succès toujours renouvelé de Robinson Crusoé de Daniel Defoe ne se dément pas et alimente toujours nos imaginaires. Se retrouver seul, loin de tout et de tous, en ne l'ayant pas choisi et sans autre perpective d'une issue heureuse que celle offerte par le destin ou le hasard n'a strictement rien à voir avec le naufragé volontaire qui choisit l' enfermement dans un gouffre ou l'immersion dans l'inconnu pour s'observer et se confronter à lui-même.

Ben et Laura n'ont pas fait naufrage mais se retrouvent sur une île inhospitalière à deux pas du continent antarctique, loin des voies de passage maritime. Ils commencent par se rassurer en espérant que des proches alertés par une balise connectée au GPS vont déclencher des secours. En attendant, ils s'installent tant bien que mal dans une station baleinière à l'abandon, se nourrissant d'algues puis de quelques grillades de manchots peu farouches en un premier temps.

Soudain seuls ne nous fait pas partager les trésors d'ingéniosité d'un Gilles Lellouche habillé en Mac Gyver austral, ni les montagnes de tendresse d'une Mélanie Thierry en Jane amoureuse muette d'admiration devant son Tarzan. Le film raconte les inévitables reproches que se font les membres d'un couple dans les ennuis quand soudain confrontés l'un à l'autre, chacun a envie d'en découdre pour se rassurer. Naufragés à l'occasion d'une croisière, perdus en forêt tropicale ou mal préparés à la confrontation dans les premiers temps d'une retraite de la vie active, peu importe : l'autre peut devenir très vite un enfer.

Ben et Laura ont beaucoup de reproches à se faire, y compris ceux qu'ils avaient pensé avoir soigneusement ensevelis. Quelques bons souvenirs à partager tout de même, ce qui dans un contexte aussi particulier, en l'absence de préservatifs et quand la réserve de contraceptifs oraux est restée sur le voilier parti à la dérive, peut présenter quelques inconvénients.

Tout finira bien dans le meilleur des mondes, car de l'autre côté de l'île nos naufragés vont pouvoir se réfugier dans une station météorologique dotée d'un groupe électrogène, d'une bonne réserve de carburant, de conserves et de paquets de spaghetti à foison. Ce qui est tout de même plus agréable pour attendre la navette qui fait de cabotage de site météorologique en station scientifique.

Freddy-Klein
5
Écrit par

Créée

le 10 déc. 2023

Critique lue 122 fois

1 j'aime

Freddy Klein

Écrit par

Critique lue 122 fois

1

D'autres avis sur Soudain seuls

Soudain seuls
Azur-Uno
7

Seuls face à eux-même

Scénariste renommé et multi-césarisé (pour Un Prophète et De Rouille et d'Os), Thomas Bidegain nous livre ici seulement son deuxième long métrage seul en tant que réalisateur (après Les Cowboys),...

le 15 déc. 2023

9 j'aime

5

Soudain seuls
JorikVesperhaven
7

Amour et survie.

Un huis-clos à ciel ouvert avec deux naufragés sur une île déserte, on pense forcément au surévalué « Seul au monde » de Robert Zemeckis. Sauf qu’ici, si « Soudain seuls » et ce dernier ont quelques...

le 6 nov. 2023

9 j'aime

1

Soudain seuls
AurélienBoucher
8

Critique de Soudain seuls par Aurélien Boucher

En couple depuis 5 ans, Ben et Laura ont décidé de faire le tour du monde en bateau. Avant d'atteindre l'Amérique du Sud, ils font un détour vers une île sauvage, près des côtes antarctiques. En...

le 8 déc. 2023

5 j'aime

1

Du même critique

Papicha
Freddy-Klein
9

Critique de Papicha par Freddy Klein

Les mustangs sont indomptables. Nedjma, 18 ans, étudiante, se faufile le soir à travers le grillage qui entoure sa cité universitaire. Elle rejoint une amie pour se rendre dans une discothèque huppée...

le 24 mars 2023

42 j'aime

6

L'Appel de la forêt
Freddy-Klein
1

Critique de L'Appel de la forêt par Freddy Klein

Quand l'écran s'est éteint et quand la lumière est revenue, j'ai vu au fond de la salle Jack London adossé à un mur. Son beau sourire n'illuminait plus son visage et je vis une larme couler sur sa...

le 20 févr. 2020

27 j'aime

7

Antoinette dans les Cévennes
Freddy-Klein
9

Critique de Antoinette dans les Cévennes par Freddy Klein

Je m'appelle Patrick, je suis dans la fleur de l'âge et toujours d'une grande disponibilité pour qui sait me parler et me prêter un peu d'attention. Ames solitaires et surtout sensibles, chaque...

le 20 sept. 2020

17 j'aime

6