Sound of Metal par Meuk Meuk

Le problème quand un film est acclamé et que tu le vois longtemps après sa sortie, c'est que tu t'attends à beaucoup. Et ce film propose finalement très peu.

Après l'avoir vu, je comprends pourquoi il a été acclamé. Il coche effectivement de nombreuses cases pour concourir dans les festivals : une mise en scène soignée, un sujet émouvant, une belle performance d'acteur, un travail sur le son passionnant, une fin qui laisse le spectateur à sa réflexion... Bref, des éléments qui, habituellement, rendent un film marquant et lui apportent des prix.

Malheureusement, je n'ai pas été très sensible à ce film, la faute à un scenario très banal, voire même totalement balisé. Les quelques surprises sont anecdotiques (j'ai cru que Ruben allait tomber amoureux de sa prof sourde... et bah non) et, hormis la performance plutôt subtile de Riz Ahmed, il n'y a finalement que le travail sur le son qui impressionne, que ce soit dans les premières scènes faisant suite à sa perte d'audition ou lorsqu'il porte ses implants. Pour le reste, le film manque de souffle et d'inspiration. Il y avait pourtant plein de choses à développer, ne serait-ce qu'au niveau du background des personnages. Finalement, on ne sait pas grand chose de Ruben, mis à part qu'il joue de la batterie avec sa copine et qu'ils sont toxicomanes, sobres depuis 4 ans (je n'ai d'ailleurs pas compris ce que ça apportait à l'histoire, comme si être sourd était plus difficile à surmonter quand on est toxico). Après, il est possible que je sois un peu de mauvaise foi mais j'ai eu beaucoup de mal à être en empathie avec le personnage, alors que j'aurai théoriquement pu facilement m'identifier à un musicien confronté à ce type de situation et devant revoir totalement son mode de vie.

Et c'est sûrement très con comme réflexion mais j'ai passé tout le film à me poser la question : est-ce que les sourds francophones sont les seuls à avoir des difficultés pour parler ?

Non parce que, dans Sound of Metal, tous les sourds semblent parler normalement et je n'ai décelé aucune évolution dans la manière dont Ruben s'exprime entre le début et la fin du film.

De même, c'est un détail mais j'ai été dérangé par le fait que ses cheveux décolorés ne poussent pas pendant la longue période où il est à la campagne. C'est le genre de choses qui passent dans un film classique, pas quand la mise en scène a un style volontairement documentaire.

Au final, je ne dirais pas que c'est un mauvais film, loin de là, il a même de nombreuses qualités, mais je n'ai pas été vraiment conquis. La faute à un scenario un peu trop évident (voire même trop scolaire dans la manière de suivre les étapes classiques du voyage du héros, cher à Joseph Campbell) et une réalisation un peu trop maniériste, les deux se voulant réalistes et subtils, mais étant finalement assez anecdotiques. Dommage car le sujet m'intéressait particulièrement.

J'aurai pu mettre 6 pour l'originalité et le parti pris sonore plutôt maitrisé. J'aurai pu mettre 4 pour le peu de plaisir procuré par le visionnage, donc je donne une note de 5 par défaut.

Au moins il n'y a ni Louane ni les chansons de Sardou, et ça, pour un film sur la surdité, c'est déjà pas mal.